Agir collectif et culture partagée

dimanche, août 21, 2011

Chambre d'écoute # 26 Du Doigté/la harpe et l'accordéon au format pop (série instruments)

La prochaine chambred d'écoute aura lieu le mercredi 14 septembre à Congrès dans le cadre de l'événement RED/Buvette (ou la présentation par RED/Laboratoire Pédagogique de son programme pour l'année 2010-2011).
A 19 heures : présentation du programme de RED, suivie d'un drink
A 20h45 : chambre d'écoute
Pour réserver : un mail à l'adresse suivante apleeck@base.be ou un appel sur mon gsm au 0494/418.465...

Chambre d'écoute # 25 Tracklist

« Tout est lent, brumeux (…) Puis l’humeur passe. Le bruit et la hâte et le flou reviennent et tu te réintroduis dans ta vie, avec ce poids douloureux dans la poitrine. »

Don Delillo, Body Art

Chambre d’écoute # 25 : New Weird America/Les USA, un territoire qui fait à nouveau rêver (série Territoires Imaginaires)

« Bonjour je suis Barack Obama et je suis la personne qui a fait mettre une cravate à Mark Zuckerberg ». Nous sommes fin avril et Barack Obama doit présenter un discours très attendu censé relancer l’économie américaine. Il choisit un symbole : le siège de Facebook. Un peu plus de deux ans après l’investiture d’Obama, que reste-t-il du « Yes, we can ! » ? Doit-on se contenter de Facebook ? (ou de la mort de Ben Laden ?)
Ce soir, nous n’allons pas vraiment proposer des musiques pour illustrer cette constatation qui a des allures de déception. Le titre de cette chambre d’écoute est à prendre à la lettre : une autre amérique existe. Weird signifie « étrange ». Les USA sont un territoire qui fait rêver : grands espaces, grandes mégalopoles, centres névralgiques de la culture et de l’économie, etc… C’est juste que durant les années de Georges W Bush, on avait pas envie d’y aller. Aujourd’hui, tout n’est pas rose au pays de l’oncle Sam mais certains nuages très menaçants sont partis.
Donc ce soir, il sera question de géographie, de culture underground. De cerner en 45 minutes, une scène bouillonante et multiforme. Merci à Congrès et à vous…

Chambre d’écoute # 25 : Tracklist

1/310 Get Outta Here Reagan (Leaf 1998)
Un critique de la revue The Wire a parlé de cette technique d’enregistrement comme d’audio polaroïd. Les membres de ce groupe sont séparés par des milliers de kilomètres. L’un collecte des sons, il les envoie à l’autre qui les empile par couches. Au départ, des sons, des samples, des ambiances sonores (mais aussi photographiques, voir la pochette). De cette palette, les musiciens, tels des Luc Tuymans du son, brossent un tableau singulier de la culture américaine. Chaque morceau est une petite miniature avec un titre qu sonne comme la légende d’une photo. Ce morceau-ci nous servira de point de départ et de perspective historique. Certains d’entre-nous avaient l’âge de comprendre la politique quand l’ancienne star de ciné Ronald Reagan commençait de changer la face du monde. Après, les Bush ont creusé le sillon jusqu’au 9/11. Get outta here Reagan…

2/Haunted House Only when you sleep (Erstwhile Records, 1999)
On commence avec un morceau qui place d’emblée le curseur dans le noir. Ces accords sombres de guitare sont signés Loren Mazzacane Connors. Cet homme est un des maîtres incontestés de ce genre de musique. La guitare installe un climat qui suinte le malaise. Le persian daf de Neel Murgai complète le tableau en déstabilisant les accords. Ce CD est la deuxième parution d’un catalogue qui allait faire date dans l’histoire de la musique électro-accoustique improvisée. Jon Abbey, le boss d’Erstwhile, dépense sans doute un héritage à publier des disques quasi exclusivement par internet à une poignée de fans de par le monde. Une fois par an, il rassemble quelques artistes de son écurie pour une série de soirée/confrontations. Son festival Amplify est passé par Cologne. Cette soirée fût le point de départ de ma passion pour cette ville. La voix torturée qui vous ne tarderai pas à entendre est celle de Suzanne Langille.

3/Earth Mirage (Southern Lord Recordings, 2005)
Earth est le projet un peu fou de Dylan Carlson. Kurt Cobain, le défunt chanteur du band planétaire Nirvana, a été batteur de cette formation qui propose un rock expérimental essentiellement orienté vers la guitare. Earth est un groupe culte, adulé par tout ce que la terre compte de fans de néo-métal, de métal-expérimental (cfr. Notre future chambre d’écoute Expéri-métal : deux mondes que tout opposent ?) La richesse de Dylan Carlson est de mélanger différentes esthétiques : la country/western ose la pose epic rock. C’est Stephen 0’Malley (le boss du label et l’homme derrière le projet Sunn o))) qui a convaincu Dylan de reprendre du service pour le plus grand bonheur de notre imaginaire qui trouve de cette façon sa plus belle bande-son pour une visite des Grands Espaces.

4/Kevin Yost Road less traveled (Distance 2001)
Kevin Yost est un DJ connu et respecté par tous ceux qui aiment danser. Il est un pionnier du mélange house-jazz. Sur ce morceau, il nous emmène sur ces routes moins fréquentées du paysage américain. C’est le moment de casser le rythme dans lequel s’installait doucement cette chambre d’écoute : le blues poisseux. Votre pied devient comme le métronome qui accompagne la vue sans cesse renouvelée (mais toujours pareille) des bornes kilométriques… La route, c’est le rêve américain vu à partir d’un symbole : la voiture. Ces grosses voitures, ridiculement voraces mais tellement intéressantes dans leurs formes et investies par nos imaginaires : le cuir, la radio, la boîte à gants, les insignes de marques…

5/Morel Dreaming of L.A. (Yoshitoshi 2001)
Comme Deep Dish (dont il est souvent la voix), Richard Morel officie à partir de Washington DC. Cette plage house est issue de l’album Queen of the highway et symbolise l’appel de l’ouest. C’est deep, c’est house, c’est le son des dancefloors américains. Les paroles de cet homme (oui je sais celle-ci est plutôt instrumentale) parlent d’un certain malaise américain : social, politique, ethnique,… La musique est comme la bande-son d’un road movie. Les images défilent, pixellisées par les écrans de télévisions et de surveillance.

6/Matthew Dear You put a smell on me (Ghostly International, 2010)
Né au Texas, Matthew Dear a assez vite foutu le camp au Michigan. Là il fonde Ghostly International avec un camarade avec lequel il partage sa passion pour la musique électronique. Sa musique est une fusion habile de la pop et de la techno minimale. Matthew est beau, il a du style. Il illuminait la Rotonde lors de son dernier passage. Moi, j’avais un ticket pour Gonjasuffi : une arnaque montée en épingle (je parle de sa prestation scènique pas de ses disques). Je quitte la salle et je négocie mon entrée dans l’autre salle et je découbre Matthew (que je ne connaissais que de nom). J’achète le disque. Pour la petite histoire, ce morceau faisait partie de ma sélection pour la chambre d’écoute Dance ; sélection qui est passée à la trappe car mon ampli a rendu l’âme. Je prends ma vengeance.
Le titre est un joli jeu de mots entre « jetter un sort » (spell)(parole classique du blues-rock des débuts) et l’odeur (smell) que le bon DJ vous colle à la peau en vous faisant danser. La musique de Matthew est intemporelle : on dirait un vieux Simple Minds, un vieux Talking Heads mais revisité par 2010…

7/David Thomas & Two Pale Boys Highway 61 revisited (Cooking Vinyl 1996)
David Thomas est la tête pensante du groupe Pere Ubu. Légendaire, ce groupe a ouvert la voie/voix à toute une culture alternative américaine dans les années 80. David Thomas tourne encore fréquemment. Sur l’album Erewhon, il pose la questions des endroits imaginaires (tout à fait à sa place dans cette chambre d’écoute qui appartient à la série Territoires Imaginaires). Sur fond de vraies/fausses cartes, il écrit des chansons sur des lieux utopiques. « You know how it is. Somebody finds a place. Words get round. Everybody moves in. » L’utopie précède l’installation. Le rêve américain est une utopie réelle, qui échappe au contrôle de ses créateurs.

8/Harry Partch There are rides on the highway at Green River (from U.S. Highball : a musical account of Slim’s Transcontinental hobo trip interprété par le Kronos Quartet et la voix de David Barron) (Nonesuch 2003)
En septembre 1941, le compositeur Harry Partch quittait son petit chalet de Carmel en Californie pour se diriger vers Chicago. Il voulait réagir à une situation qui commençait à devenir préoccupante : bien qu’au milieu d’une nature foisonnante, il devenait peu à peu improductif. Il entreprit ce voyage en utilisant des trains de marchandises, comme un hobo (figure emblématique de Kerouac). Cette partition est le compte-rendu musical de cette aventure.

9/A Small Good Thing presents Slim Westerns Saloon Dreams (Leaf 2002)
Slim Westerns, c’est une série de « vignettes » qui captent de façon imaginaire des ambiances américaines. Il y a eu plusieurs volumes (publiés à l’origine par Soleilmoon Recordings, réédités par le soin du label Leaf). A l’époque où la bande-son imaginaire faisait fureur, Mark Sedgwick, Tom Fazzini et Andrew Hulme publie ces petites pièces fines qui explorent une sorte de déjà-vu sonore. La langue anglaise parle d’Americana (objets ou documents appartenant à l’héritage culturel américain dixit mon Robert & Collins). Saloon Dreams, c’est le cow-boy du cliché qui se rend compte qu’il est une icône, un symbole, une mythologie (au sens de Barthes). Il y a un regard critique sur l’imaginaire. Un décalage.

10/Here We Go Magic Everything’s big (Western Vinyl 2008)
Découvert au Botanique il y a peu, le groupe de Luke Temple étonne par son apparente simplicité. Une simplicité qui, écoutée attentivement, révèle une véritable richesse sonore. Everything’s big évoque un monde parfait. Où la grandeur fait office de mesure étalon. On pense aux buildings, aux voitures, aux portions de nourriture, aux kilos en trop, aux limousines (qui commencent à faire leur parade pornographique jusque chez nous).
On a dit de Luke qu’il était un peu comme un Paul Simon sous acide (même si ce n’est pas apparent sur ce morceau). Il mélange les genres, les timbres et sa voix gentiment féminine habille ses mélodies d’une certaine pudeur. Il vous faudra peut-être plusieurs écoutes pour rentrer bien dans le morceau (d’où l’intérêt d’écouter le CD).

11/Rilo Kiley Spectacular views (Saddle Creek 2002)
Enregistré au cœur du Nebraska par l’équipe de la charmante Jenny Lewis, ce Spectacular views est une ode à l’horizontalité des territoires. Ceux qui ont parcourru le pays de l’oncle Sam, ceux qui ont lu On the Road de Kerouac le savent : on a vite le souffle coupé sur les routes américaines. Fermez les yeux et imaginez une route sans fin ! « Indifferent but distanced perfectly projected endlessly it’s so fucking beautiful » comme le crie Jenny à tous ceux qui veulent l’entendre. Le texte rend aussi hommage aux pierres qui attendent, qui témoignent d’une histoire qui s’écrit en millénaires : le temps long des sédiments. On en ressort avec un sentiment de plénitude : « You never knew why you felt so good in the strangest of places ».
Un peu de pop-rock aux chambres d’écoute, cela fait du bien. Votre écoute attentive est recompensée.

12/Magic Markers 7/23 (Drag City Records 2009)
Avant « Balf Quarry », les disques de Magic Markers semblaient toujours avoir été enregistré à l’aide d’un répondeur téléphonique. Ils incarnaient une certaine aile extrême de la musique Low-Fi. C’est qu’entre-temps Elisa Ambrogio a rencontré Ben Chasny, l’homme derrière le légendaire projet néo-folk Six Organs Of Admittance. Ils ont croisé leurs pratiques, leurs mains et Ben lui a dégotté un deal avec le très bon label Drag City. Le résultat est un album au son plus propre (la belle s’est calmée) mais qui dérange encore. Ils étaient invité au festival All Tomorrow’s Parties à Minehead (ce festival qui se passe dans un camp de vacances au bord des plages anglaises), l’édition pour laquelle c’est Sonic Youth qui signait la programmation. Balf Quarry est une petite bourgade dans le Connecticut. Une zone minière.

Prochaines chambres d’écoute

En 2010

Le jeudi 7 juillet: # 29 : Bidonville, l’autre ville (pour accompagner l’exposition du même nom, dans le cadre du festival Dièse à Dijon)

Le mercredi 14 septembre : # 26 : Du doigté/la harpe et l’accordéon au format pop (série Instruments) à Congrès

Le mercredi 16 novembre : # 27 : Green Blue Red/Hommage à Elsworth Kelly (série Arts & Plastiques) avec une mini-conférence

Décembre : # 28 : Yougoslavie, années 90 (pour les 20 ans de l’éclatement de la Yougoslavie- titre provisoire) à l’ULB (série Histoire)


Chambre d'écoute # 25 Tracklist

Il s’agit de restaurer cette continuité entre les formes raffinées et plus intenses de l’expérience que sont les œuvres d’art et les actions, soufrances et événements quotidiens[1]

L’un des sens du mot abstrait est « qui ne représente pas le monde sensible (réel ou imaginaire) ; qui utilise la matière , la ligne et la couleur pour elles-mêmes » (Le Petit Robert). Je me base sur cette définition pour la musique proposée ce soir. Ce n’est sans doute pas la seule définition possible du hip hop abstrait. Le hip hop de cette chambre d’écoute ne parle pas du réel. Il utilise la matière sonore pour elle-même. La posture éthique et graphique emprunte au hip hop, la grammaire sonore relève, elle, de la musique électronique. A l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai aucune idée comment François a interprété la consigne. Nous aurons des surprises. Merci à tous d’être là ce soir et bonne écoute.
Chambre d’ écoute # 24 Tracklist

>>>La proposition d’Axel et Sabine

1/ eRikm/dieb13 Chaos club (Erstwhile 2007)
Je parlais dans l’introduction à cette soirée de matière sonore. Nous voici, avec la « musique » d’eRikm et de dieb13, au cœur du sujet. Ces deux artistes sont des « turntablists ». Cela signifie qu’il explorent musicalement et conceptuellement les possibilités de la bonne vieille platine pour les vinyls. Le disque vinyl est ici soumis à un traitement qui peut prendre de multiples formes : scratch, intervention sur le disque pour en modifier la texture (en ajoutant de la peinture, des collants ; ce qui a pour effet de faire sauter l’aiguille)… Un set de turntablist relève du domaine artistique de la performance. Les représentants plus connus de cette discipline à la frontière de l’art sonore et des arts plastiques sont Christian Marclay, DJ Spookie. eRikm (de Marseille) et dieb13 (de l’Autriche) font partie d’une nouvelle vague.

2/ La Funk Mob Breaking boundaries, messing up heads (Casse les frontières, fou les têtes en l’air) (Mo Wax 1994)
Nous sommes en 1994. Le label anglais Mo Wax a commencé de faire tomber les barrières entre les musiques. Les prémisses d’ un hip hop abstrait sont posées. Le boss du label, James Lavelle, parle de Abstract Musical Science. Il invite le collectif français La Funk Mob (au sein duquel on retrouve Boombass et Zdar) à participer à un projet qui fera date : mélanger la crème de l’électro et du hip hop. Sont ainsi embrigadés Carl Craig, Richie Hawtin, Nightmares on Wax pour un double maxi 10 pouces de légende. Je vous propose le mix de Richie Hawtin (aka Plastikman). L’esthétique de Mo Wax est largement inspirée du monde du graffiti. James Lavelle continue son voyage sonore avec son projet UNKLE.

3/ The Golden Palominos Ride (Restless 1996)
L’histoire de ce groupe à geométrie et personnel variables remonte à 1981. Anton Fier en est la colonne vertébrale. Parmi les membre éminents, on peut recenser Arto Lindsay, Bill Laswell. Sur l’album Dead Inside (dont est issu Ride), c’est Nicole Blackman qui assure les voix et l’écriture des textes. Nicole déclame sa poésie sur une matière sonore riche, le flow vocal est constant. L’histoire est glauque comme un film de David Lynch. C’est le rêve américain passé à la moulinette du film noir. Parmi ce flow, je cite une phrase qui résonne dans ma tête comme une ode à époque : « If you love something, chances are you can’t afford it ». (Morceau proposé par Sabine Ringelheim, merci à elle).

4/ Alias w/ Markus Acher (The Notwist) Unseen sights (Anticon 2004)
Une collaboration improbable entre Alias (un des fers de lance du label Anticon, un label de hip hop qui s’est toujours atelé à mélanger les grammaires : rap, pop low-fi, electronica, etc.) et le chanteur du groupe allemand de post-pop The Notwist. Ce morceau parle de la perception des paysages et des souvenirs qui y sont associés. Comme un peintre qui essaie de rendre le foisonnement du réel par touches successives, le duo essaie de dresser une cartographie du réel et des états d’âmes qui y sont associés. La mélancolie pointe son dard et pique la mémoire. Le moindre changement dans la perception influe sur le tableau. (morceau proposé par Sabine)

5/ Daedalus (featuring Paperboy & Taz Arnold) Touchtone (Ninja Tune 2008)
Daedalus est le nom de plume d’Alfred Darlington : un musicien aux multiples talents (il a une formation classique et jazz) issu d’un ménage artistico-psychologique. Il vient de Santa Monica mais a passé une partie de sa jeunesse dans un YMCA à Londres. C’est là qu’il découvre la scène Rave. De retour à la maison, il joue dans différentes formation rock, pop ou encore ska mais s’y sent vite limité… Sa carrière débute doucement au hasard de ses rencontres… L’album dont est tiré cet extrait se nomme Love to make music to (De l’amour pour faire de la musique). J’aime ce titre qui retourne habilement la formule classique (de la musique pour faire l’amour) et qui traduit bien la philosophie de cet homme : je prends, je retourne, je mélange à ma sauce, je surprends en étant là où personne ne m’attend…
Touchtone est un morceau qui mèle savamment la rhétorique du hip hop et la matière sonore de l’electronica. Ce disque est l’aboutissement d’un certain parcours dont il dira : « Ce disque est la mémoire imaginaire d’un temps qui ne fut jamais ». Tout un programme, en somme ! (infos biographiques tirées du site de Ninja Tune).

6/ Common featuring Leatitia Sadier of Stereolab New Wave (MCA Records 2002)
Ici, je comprends le mot abstrait au sens de « rencontre improbable » entre Common (un rappeur dont la production allie classicisme et qualité) et Leatitia Sadier (une grande prêtresse du post-rock infusé par la musique électronique). Le morceau commence avec une mélodie d’orgue (un instrument que l’on retrouve beaucoup dans la musique de Stereolab). Le beat arrive, lourd avec des accords de piano. Ensuite la voix de Common commence son flow. Il parle de bataille, de funk et de punk. Ecoutez les sons à l’arrière-plan : la palette est riche. Le refrain nous fait basculer dans un autre univers sonore. Leatitia parle français et entend casser le flow et le rythme de Common. J’adore ce morceau car il recèle, à mon sens, plein de possibles.

>>>La proposition de François

Apparu au début des années 90, l’abstract hip hop se caractérise par un tempo lent, des atmosphères cinématographiques, des scratch langoureux, des extraits de dialogues, des influences jazz et de musiques de films et une propension certaine à la mélancolie. Voici quelques morceaux emblématiques du genre.

1/ DJ Shadow In Flux (Edit) (Mo Wax 1993)
DJ Shadow est considéré comme l’un des précurseurs de l’abstract hip-hop, et le morceau In-Flux, paru sur le légendaire (et défunt) label Mo Wax, a donné lieu à l’invention du concept de « trip-hop » par le journaliste Andy Pemberton (Mix Mag), Ce dernier soulignait l’innovation de ce titre, mélangeant des bribes de dialogues samplés, des cordes épiques, des sons bizarres, un parfum jazz, rompant avec la tradition du hip hop.

2/ DJ Cam Innervisions (Inflamable Records 1996)
Suivant un premier maxi très justement intitulé « Abstract Hiphop Volume 1 », DJ Cam sort plusieurs albums qui implantent le genre en France. Son second album Substances, dont est issu « Innervisions », est emprunt d’influences jazz et indiennes. (Artiste proposé conjointement par François et Sabine)

3/ Nostalgia 77 Processional (Tru Thoughts 2004)
Avant de se tourner vers une musique davantage soul-jazz (avec notamment l’apport de la chanteuse Alice Russel), le groupe britannique Nostalgia 77 pratiquait sur son premier album Songs For My Funeral une musique atmosphérique naviguant entre abstract hip hop, jazz et spleen.

4/ Sixtoo Incidental 1 (Bully Records 2006)
Autre figure emblématique du hip hop instrumental, l’artiste canadien Sixtoo a enregistré ce morceau, paru sur un double 45 tours, comme bande originale d’un film documentaire sur l’art du graffiti. Beat lancinant, boucle de piano debussienne, minimalisme, toute la quintessence de l’abstract hip hop.

5/ Amon Tobin The Killer’s Vanilla (Ninja Tune 2007)
Au départ d’une musique mêlant trip-hop, drum and bass, jazz et musique brésilienne sur ses premiers albums, Amon Tobin a construit un univers de plus en plus complexe, sombre et expérimental, s’imprégnant de musiques contemporaines et de musiques concrètes, influences majeures de son dernier opus en date, Foley Room. Sur ce morceau, il collabore avec le légendaire quatuor à cordes Kronos Quartet, connu pour son ouverture musicale, enregistrant tout aussi bien Alban Berg et Philip Glass que Astor Piazzola ou des compositeurs indiens ou africains.

6/ Carlo Cossette 1084 Jours (Bully Records 2005)
Peu d’informations précises sur ce morceau, paru sur un 45 t assez confidentiel en 2005, et sur l’artiste. Il suffit de se laisser emporter par l’atmosphère cinématographique et mélancolique qui se dégage de cette plage.


[1] Je mets cette citation en exergue pour le début de cette chambre d’écoute. Je l’emprunte à Dewey J., L’Art comme expérience, Tours, 2006. Dans son introduction à ce livre, Richard Shusterman compare l’art postmoderne et le rap (cité par Formis B., Esthétique de la vie ordinaire, Paris, 2010)

Chambre d'écoute # 23 Tracklist

Le Transport des voix ou l’absence conjurée

Tout d’abord, bienvenue et merci d’être là. Ce soir, vous ne devez pas obligatoirement éteindre vos GSM. Ils peuvent sonner, vibrer, vous pouvez décrocher. Nous célébrons l’objet et ses manifestations, toutes. L’objet nous rend service, nous sauve, nous dérange, nous surveille. Il a beaucoup évolué. Il est technologique. Il change de génération tous les ans.
Nous vous proposons un voyage temporel (très électronique, vous verrez, comme un écho de l’objet en soi) à travers le dispositif téléphonique (formé de deux appareils en communication et d’une kyrielle de services annexes). Merci à Kremi (la charmante responsable de la buvette), à Arnaud (de Congrès) et à François. A vous !

Tracklist :

>>>>>>>>>>Vous avez 1 nouveau message d’Axel

1/ Global Communication 0 54 (Dedicated, 1994)
Avant la mainmise totale d’Internet sur nos consciences et nos temporalités, un groupe révolutionnaire (au nom prémonitoire) mettait en scène cette communication entre les personnes. Pour souligner le caractère global, le duo fait appel à Babel ou la multiplicité des langues humaines. Le logo du groupe mêle habilement le G et le C en une oreille-symbole et pointe le fond du problème : l’écoute. Les auditeurs de ce disque sans titres de chansons (« Use your imagination ! » disaient-ils) étaient invités à communiquer leurs émotions par courrier. En 2011, tout le monde communique ses émotions en temps réel : joie du Web 2.0
Faites-moi plaisir : écrivez-moi une vraie lettre de soutien à l’adresse suivante : Axel Pleeck, 63 rue Alfred Stevens 1020 Bruxelles…

2/ Poulenc-Cocteau La Voix humaine (Julia Migenes/Orchestre National de France dirigé par Georges Prêtre) (Erato/Radio France, 1991)
Sur un texte de Jean Cocteau de 1932 qui met en scène une femme abandonnée par son amant auquel elle téléphone pendant trois quarts d’heure, Francis Poulenc a crée une musique pour orchestre restreint qui ouvre l’acte (unique) par une sonnerie du téléphone (confiée au xylophone) et reflète les émotions succesives de ce long monologue. La Voix humaine fut d’abord jouée à la Piccola Scala de Milan, puis à New-York et Edimbourg. La création française eut lieu le 6 février 1959, dans une mise en scène de Cocteau. C’est un extrait. Je coupe au moment où elle prend un médoc (cela me semble une bonne transition avec notre époque).

3/ Barbara Morgenstern The Operator (Monika Enterprise, 2006)
A l’époque de « La Voix Humaine », les appels téléphoniques transitaient encore par les bons soins de l’opérateur. C’est cette fonction-là que j’entends honorer en faisant appel à la patte électronique de Barbara. Nous avons déjà fait appel à elle. Rappelez-vous, elle officie de Berlin, via le label essentiellement féminin Monika Entreprise. Sous la férule de Gudrun Gut (qui est passée dans ces murs au tout début du projet Congrès), Monika Entreprise trace sa voie entre pop et électro, tout en finesse.
L’opérateur est celui qui assure le lien entre les voix des personnes. Il switche des fiches, connectant et déconnectant, au gré des demandes. A l’époque, un n° de téléphone comportait un indice de lieu… On est loin de tout ça et, en même temps, cela fait encore partie de notre imaginaire collectif…

5/ Faultline Partyline Honey (The Leaf Label, 1999)
Sur le très bon label Leaf (un de mes préférés depuis longtemps), un morceau de Faultline (le nom du projet de David Kosten) qui parle des usages sexuels du téléphone. Toutes les technologies de la communication ont intégré cette dimension libidinale et très rentable. Une « partyline honey » est une personne qui, en échange d’une rémunération, donnera du plaisir oral à une autre personne. On a connu le 3615 Eva, on connaît les webcams, il y a aussi eu les téléphones roses. Sordidement platoniques, ces relations sont ici ramenées à leurs aspects aliénants : « hey girl, what’s your name ? » et la fille de répondre : « One ! ».

6/ Shit Disco The Answering Machine (DFA, 2010)
Sacré « meilleur album électronique » par le quotidien anglais The Guardian, Shit Disco semble être un projet adoubé par James Murphy (membre du LCD Soundsystem et patron du label DFA). Aux commandes un certain Marcus Lambkin. L’influence de Kraftwerk est manifeste (cfr. Infra). Le répondeur fait partie intégrante du dispositif téléphonique : il assure une couverture à nos absences. Aujourd’hui, à l’heure de la portabilité, on parle de boîte vocale ou de messagerie. Conjurer l’absence qu’on vous disait dans l’invitation… La jeune femme qui parle ici sait que le répondeur joue parfois au filtre ! « You got to come and talk to me ! »)

7/ Soulo 24 hours on the phone (Plug Research, 2001)
A l’époque de mes 15-20 ans (c’est-à-dire avant Internet, le GSM et autre Facebook), j’aimais rester longtemps au téléphone. On parlait avec ses amis, on se racontait des trucs sans importance (mais qui nous semblaient fondamentales), on prenait le combiné sur le palier pour éviter les oreilles indiscrètes, on prenait rendez-vous (un rendez-vous qu’il n’était plus possible d’annuler)… C’est cet âge d’or que Soulo (duo californien composé de Nate Flanigan et Shawn King) entend célébrer (c’est du moins mon interprétation). 24 heures on the phone, c’est un rêve… C’est la vie vécue et écoutée par l’Autre… Cet album est produit par John Tejada, une pointure de la musique électronique…

8/ Mateo and Matos Got a message (Glasgow Underground, 1999)
John « Roc » Mateo et Eddie « E-Z » Matos viennent de New-York et font de la House depuis la fin des années 80. Leurs maîtres ont pour noms : Shep Petibone et Tony Humphries. Leurs disques et productions ont ce son caractéristique des dancefloors de la côte est : pas trop rapide, influencé par le disco. Un son qui transpire. Vers la fin des années 90, ils trouvent une maison de disque de l’autre côté de l’Atlantique : le très bon label Glasgow Underground. Got a message parle laconiquement d’un message, ce fameux message que l’on voudrait envoyer à l’âme sœur recontrée sur la piste. Est-il compréhensible ce message ? A-t-on bien noté le numéro de téléphone ? Sinon, ce sera une relation sans lendemain. La boule à facettes, cela rappelle de bons souvenirs à ceux qui ont bravés la neige pour venir danser avec nous lors de notre chambre d’écoute de décembre.






>>>>>>>>>>Vous avez un nouveau message de François

1/ Laurie Anderson O Superman (Edit) (Warner, 1981)
Inspiré d’un opéra de Massenet (Le Cid), ce célèbre morceau a remporté un succès inattendu en 1981 (n° 2 dans les charts britanniques !), compte tenu de son côté franchement expérimental : boucle vocale minimaliste, voix trafiquée au vocoder, paroles obscures. La chanson consiste principalement en un mystérieux dialogue par répondeur téléphonique interposé, entre Laurie et sa mère.

2/ Beastie Boys B-Boys Makin' With The Freak Freak (Intro) (Capitol Records, Grand Royal - 1994)
Une autre histoire de répondeur. Les Beastie Boys ouvrent ce morceau en samplant un message téléphonique adressé à Adam (Horowitz, l’un des membres du groupe) par l’une de ses rencontres, manifestement française. Curieusement, cette intro a été supprimée des exemplaires édités aux Etats-Unis, par crainte semble-t-il de recours de la personne concernée qui n’aurait pas apprécié voir son message intégré à l’album des Beastie Boys… On reparlera un peu plus loin de cette petite intro…

3/ Kraftwerk The Telephone Call (Instrumental Edit) (Kling Klang 1986)
Kraftwerk est l’un des groupes fondamentaux dans l’évolution de la musique électronique et demeure aujourd’hui une référence majeure. Ils ont toujours eu une fascination pour les objets technologiques, qu’ils ont fréquemment intégrés dans les thématiques et les sonorités de leurs morceaux (robot, ordinateur, calculatrice,…). Ils jouent ici avec toute la palette des sons liés à l’univers des téléphones, et soulignent la proximité mais aussi la distance que crée l’usage des télécommunications.

4/ Dimitri From Paris Attente Musicale (Yellow Productions, 1996)
Le téléphone, c’est aussi les musiques que l’on vous impose lorsque l’on vous met en attente de votre correspondant. Dimitri from Paris s’en amuse en parsemant son premier album Sacrebleu d’interludes musicaux évoquant la musique lounge des années 60.

5/ The Penguin Cafe Orchestra Telephone and Rubber Band (Virgin, 1981) (Type, 2006)
The Penguin Cafe Orchestra a été fondé dans les années 70 par Simon Jeffes, en vue de dépasser les canons des musiques classique et rock et développer une approche plus libre et expérimentale, inspirée des musiques traditionnelles et empreinte de minimalisme. « Telephone and Rubber Band » est composé d’une boucle de tonalité de téléphone, enregistrée par Simon Jeffes sur son répondeur, sur laquelle est posée une mélodie folk guitare/violon, marquant un contraste modernité/tradition.

6/ Mogwai Tracy (Chemikal Underground, 1997) / Throbbing Gristle Death Threats (Industrial Records, 1978)
Groupe écossais, Mogwai est l’un des principaux représentants du courant appelé « post-rock », qui se caractérise par de longues plages le plus souvent instrumentales, conjuguant guitares atmosphériques, explosions soniques et expérimentations électroniques. Tiré de leur premier album Young Team, le magnifique « Tracy » intègre au début et à la fin du morceau des conversations téléphoniques entre certains membres du groupe, un employé du label (1ère conversation) et le manager (2e conversation), qui consistent en des plaisanteries faites à propos de prétendues bagarres au sein du studio d’enregistrement. Au milieu du morceau, est intercalé « Death Treats » du groupe Throbbing Gristle. Comme son nom l’indique, ce court morceau reproduit des messages téléphoniques de menace reçus par le groupe, dont la musique radicale, rencontre entre le bruitisme rock, l’agitprop et l’expérimentation électronique, et les concerts provocateurs faisaient scandale.

7/ Death In Vegas Opium Shuffle (Concrete, 1997)
Où l’on retrouve le message téléphonique de Stéphanie et Violaine (voir morceau n° 2), samplé sur ce morceau tiré du premier album de Death in Vegas, aux sonorités dub et électro-rock. Par la suite, le groupe explorera des paysages sonores plus sombres.

8/ Hexstatic Communication Breakdown (Ninja Tune, 2000)
Hébergé par le célèbre label Ninja Tune, le groupe Hexstatic mêle étroitement musique et vidéo, les deux étant conçus de manière intégrée (chaque morceau est accompagné d’une vidéo). Avec « Communication Breakdown », ils signent un morceau manifestement inspiré du « Telephone Call » de Kraftwerk, avec son style electro et ses multiples collages sonores, évoquant toutes les formes actuelles de communication, du téléphone à Internet, en passant par le fax.

Prochaines activités de RED/Laboratoire Pédagogique

Les chambres d’écoute à Congrès

Le mercredi 16 mars 2011 : # 24 : Abstract Hip Hop/La rhétorique du hip hop, la grammaire de l'electronica (série Versus)

Le mercredi 11 mai 2011 : # 25 : New Weird America/Les USA, un territoire qui fait à nouveau rêver ? (série Territoires imaginaires)

Le mercredi 14 septembre 2011 : # 26 : Du doigté/La harpe et l'accordéon au format pop (série Instruments)

Le mercredi 16 novembre 2011 : # 27 : Green Blue Red/Hommage à Elsworth Kelly (série Arts & Plastiques) avec une mini-conférence

Les cours modestes (lieux à confirmer)
Le cours modeste de musique ou d’art est une brève leçon préparée par un non-spécialiste. Un amateur donne des suites plus académiques (en effet, il prépare une mini-conférence) à un intérêt qu’il a. Un cadre est proposé pour accueillir ses recherches : un public. Un temps d’écoute ou de vision est prévu pour donner corps à ce cours en gestation. Enfin, la participation à un concert ou une exposition (en groupe ou séparément) viennent « achever » la formation. La participation est fixée à 15 € et comprend une coupe de cava (le concert ou l’exposition ne sont pas compris). Lieu des cours : à convenir.
Cours modeste sur Luc Tuymans (en prélude à l’exposition à Bozar du 12 février au 8 mai 2011). La date du cours modeste : le mardi 8 février à 19h. C’est le premier ! D’autres sont prévus…voir sur notre blog : www.redlabopedagogique.blogspot.com

RED/Laboratoire Pédagogique & Congrès présentent

Le transport des voix ou l’absence conjurée


Chambre d’écoute # 23 Pour continuer en français, tapez 1/Le téléphone et ses détournements sonores (série Objets) à Congrès le mercredi 12 janvier 2011 à 19h30

Meilleurs voeux ! Pour cette première chambre d’écoute de l’année nouvelle, nous aborderons le thème du téléphone et de ses détournements sonores. Petit rappel pour ceux qui reçoivent ce type de mail pour la première fois (suite à la création de notre ASBL, nous avons fusionné nos listes de contacts) : une chambre d’écoute est un temps d’écoute collectif autour d’une playlist musicale argumentée.
Depuis son invention, le téléphone n’a eu de cesse de conjurer l’absence. Parler à/avec quelqu’un qui n’est pas là, parler avec quelqu’un qui vous manque, etc. Mais avec l’apparition du téléphone portable, les cartes ont été redistribuées : si avant on téléphonait en espérant pouvoir joindre une personne à la maison, maintenant on est quasiment sûr de joindre la personne où qu’elle soit… D’où la question qui taraude tout le temps les mordus du portable : « T’es où ? »[1]… Alors, cette prothèse technologique, sert-elle notre recherche de l’Autre ou uniquement notre désir de le surveiller ! Grand débat !
Nous, nous allons plus simplement vous proposer une série de morceaux qui parlent de (ou qui détournent) ces curieux objets : le téléphone et la voix humaine (dans cet étrange commerce qui les unit : le transport entre deux lieux)
Voici le programme :
19h30 : ouverture des portes et apéro (aux bons soins de Kremi)
20h30 : chambre d’écoute mixée live par François et moi
21h30 : petit verre pour ceux qui le souhaitent
La participation est fixée à 4 € et comprend la TECC (taxe pour l’écoute collective contextuelle), le booklet imprimé et le CD de la sélection (pour prolonger le plaisir à la maison) pour les quinze premiers inscrits.

Comment s’engager ?

En versant 4 € sur le compte 063-1645113-28 avec votre nom et la mention « I phone ». Le nombre de places est limité à 45 personnes. Merci de vous signaler avant le 10 janvier.

Adresse : Congrès, 40 blvd Pacheco 1000 Bruxelles (en bas des escaliers de la gare)
Mon gsm : 0494/418.465
Facebook : encore et toujours…
Blog : www.grandensemble.blogspot.com
[1] Pour ceux que le sujet intéresse, je recommande chaudement la lecture du livre T’es où ?/Ontologie du téléphone mobile de Maurizio Ferraris, Ed. Albin Michel, 2006.