Agir collectif et culture partagée

lundi, mai 25, 2009

Chambre d'écoute # 15 : Midlife Crisis : a new begining?

Merci à tous d’être là. Ce soir, c’est la première partie de 80moins1, notre week end concept pour les 40 d’Ingrid et mes 39 ans. Quel était le concept encore ? Rassembler nos amis et leurs enfants (les amis de nos enfants, en somme) pour deux jours dans un gîte au milieu de nulle part. Le pari était de taille car à l’heure du gsm et du mail (et de facebook et autres salades pseudo-communautaires) nous avons de moins en moins de temps pour une rencontre physique, encore moins en nombre. Il fallait aussi passer outre : outre la crainte de partager notre nuit avec des « étrangers ». Enfin, il fallait s’engager. Pas de jugement sur les absents bien sûr, mais un coup de chapeau pour les présents. Votre présence ici est le plus beau cadeau que vous puissiez nous faire. Place à la musique !

Introduction

Le temps passe et les années s’accumulent. On vieillit. Le cap des 30 n’est déjà pas une mince affaire, alors que penser des 40 ans ! Des événements, des lectures, des films nous montrent ce que c’est : le bon côté des choses et la face sombre.
L’idée de cette chambre d’écoute (et du week end peut-être aussi) est à trouver dans le bouquin (un peu trash psychology) de Françoise Millet-Bartoli : La Crise du milieu de la vie : une deuxième chance. La crise du milieu de la vie arrive entre 35 et 45 ans (ce n’est pas mathématiquement le milieu de la vie) et peut être une passe difficile pour certains (car elle charrie un certain nombre de remises en cause) ou, au contraire, une période d’épanouissement et de réalisation pour d’autres. Enfin, elle peut aussi être les deux à la fois.
Les musiques sélectionnées pour vous ce soir parlent de tout ça : le temps qui passe, les occasions ratées, les re-naissances, les envies de tout recommencer, la tentation de disparaître, etc.
Bonne écoute !
Remarque : comme la sélection est mixée, vous éprouverez peut-être des difficultés à suivre l’ordre de passage. Pour remédier à ce problème, j’afficherai un n° correspond au n° du morceau en cours.

Midflife Crisis : a new begining ?>>>>>>>>Tracklist

1/Larsen : Rebirth (Important Records)
Ce label, c’est mon nouveau port d’attache musical. Il y a dix qu’il existe et 200 disques audacieux ont vu le jour. La musique de Larsen est souvent lente et hypnotique, parfois bruyante. J’ai choisi ce morceau car il porte le titre évocateur de renaissance. L’idée de renaître est tentante. Etre vierge de toute expérience. « La première fois que… » Je vous laisse terminer la phrase.



2/Them Use Them : Able ()
Ce groupe est le projet de, originaire de Birgmingham. Il trouve ici sa place car son titre contient ce mot simple Able (capable en français). De quoi suis-je encore capable ? Samedi passé, alors qu’Ingrid était en Angleterre et que les enfants étaient chez leur grand-mère, je suis sorti toute la nuit jusqu’à 6 heures du matin. Vers 1h, un mal de dos a presque eu raison de mes vélléités de conjurer les effets du temps heureusement un Brufen au fond de ma poche m’a permis de gagner la partie. Je suis encore capable (able) de sortir comme un post-ado. Une victoire !

3/Barbara Carlotti : Mademoiselle oposum (4AD)
Cette jeune chanteuse française a l’immense privilège d’avoir été signée sur le prestigieux label 4AD (de Pixies et Dead Can Dance jusqu’à TV on The Radio). Les textes sont charmants et l’instrumentation a l’énergie et la finesse qui manquent à beaucoup de hérauts de la nouvelle chanson française. Ici la belle raconte l’histoire d’une petite annonce qui cherche un homme disparu. A 40 ans, l’idée de disparaître de la surface de la terre pour refaire sa vie ailleurs a dû effleurer l’esprit de certains. Moi-même, une fois par jour, j’ai envie de partir mais un millième de seconde après je côtoie l’évidence : Ingrid, c’est mon port d’attache. Ce qui compte, je crois, c’est l’idée de partir (On th road comme Jack Kerouac) d’une façon ou d’une autre.

4/Lykke Li : I’m good, I’m gone (LL Recordings)
Encore une jeune chanteuse qui nous vient de Suède. Sortie de nulle part, elle est beaucoup passée sur Pure FM. Dans cette belle petite ballade pop, elle nous parle de la difficulté de travailler comme une bête : « passer sa vie à la gagner » comme ils disent. « I’m working, I’m working to make butter for my piece of bun ». Avec le temps qui passe plus vite qu’avant, le travail d’esclave devient de plus en plus une torture. De mon côté, j’ai résolu le problème : le métier de prof me permet bien souvent de gommer la frontière entre travail et loisir.

5/Masha Qrella : Unsolved remained (Morr Music)
La musique de Masha hésite entre la pop acoustique et l’électronique. Un pied dans la tradition, un autre dans un certain futur. Mais si je l’ai choisie, c’est pour le texte. Unsolved remained signifie Irrésolu et laissé en suspens et nous parle de tout ce qu’on n’a pas eu le temps d’accomplir et/ou de terminer ou, au contraire, de tout ce qu’on aurait voulu non-faire. Pour finir, Masha nous souffle qu’elle voudrait rester « entre les années ».

6/Orbital : Choice (FFRR)
Un clin d’œil à ma folle nuit de samedi passé. Danser intelligemment sur un morceau qui nous invite à faire des choix. C’est peut-être ça la crise du milieu de la vie : faire des choix entre le possible et le temps qui passe. Orbital est le projet des frères Hartnoll. Nommé d’après l’Orbital (La M25 qui encercle Londres – l’équivalent de notre Ring de Bruxelles), ces deux pionniers de la musique dance (c’est eux qui ont fait le premier vrai album de dance music) sont fascinés par la figure du cercle, une autre référence au temps, cyclique celle-là. L’éternel retour du même (ce concept de Nietzsche qui porte tant à confusion n’est pas le retour du même jusqu’à épuisement ; il s’agit plutôt de vivre le moment présent si intensément qu’on pourrait le revivre à l’infini. C’est un désir, pas une contrainte).

7/Kettel : Her thin voice (Neo Ouija)
Le projet du prolifique Reimer Eising sur le défunt label Neo Oujia. Ce morceau, je l’ai choisi pour l’idée d’une femme qui serait réduite à avoir une thin voice (une voie légère). Se faire entendre ou se faire discrète, tel serait le dilemme de cette femme de 40 ans. Porter ses choix ou renoncer. Manquer d’assurance jusqu’à devenir silencieuse. Je pense à l’héroïne de Revolutionary Road : rêver sa deuxième vie puis en devenir folle ou encore aux personnages de la romancière Laura Kasischke (par exemple La vie devant ses yeux) qui non-réalisent leur vie et dont la voix n’est pas entendue.

8/Benni Hemm Hemm : Ku Ui Po (Morr Music)
Ce compositeur finlandais nous parle d’amour : une autre dimension du temps qui passe. Comment situer la relation amoureuse dans la durée ? Je t’aime pour toujours : une parole d’ado qui nous place, nous adulescents éternels, devant le dilemme de nos sentiments. Benni Hemm Hemm essaie de nous/se convaincre que le temps qui passe n’a aucune prise sur son amour : « I love you more today – more today than yesterday – but I love you less today – less than I will tomorrow ».

9/Etienne Daho : le premier jour (Virgin)
La chanson qui a ouvert notre bal de mariage. Le premier jour (du reste de ta vie) est le titre qui résume le mieux le thème de ce soir. Ingrid a 40 ans ce jour. Nous fêtons nos 20 ans de vie commune et nos enfants fêtent leur 15moins2. Aujourd’hui est « le premier jour », c’ est juste une question de point de vue… Merci pour votre amitié.

Prolongements

Comme chaque fois, je vous propose de prolonger l’écoute par une petite activité culturelle. Il y a à quelques kilomètres d’ici, dans la cour de l’abbaye de Stavelot, une galerie d’art qui est, paraît-il, très belle. La galerie Triangle Bleu accueille pour le moment une exposition du peintre James Brown. The Planets Connected (titre de l’expo qui récolte trois étoiles dans l’article du MAD) donnent à voir « des myriades de points reliés au crayon ». James Brown, né en 1951 à Los Angeles, vit et travaille à Oaxaca au Mexique. Nous pourrons voir neuf peintures de grand format (210x340) qui inscrivent ce peintre dans la mouvance de Cy Twombly ou de Basquiat.
En plus ce travail prolonge habilement la chambre d’écoute car, dans l’interview du MAD, le peintre affirme que l’ « inspiration m’amène dans un travail obsessionnel, une réflexion sur le temps, une préparation à la méditation… »






Chambres d’écoute à venir

#10 DJ Culture : 5X10 (cinq DJ passent les dix morceaux qu’ils préfèrent pour danser). Toujours retardée mais elle arrive…(Hors-série)
#19 Masculin/féminin : gender studies : musique et identité sexuelle (série para//èle).
#17 Noise Vs. Silence : une double chambre d’écoute (avec tirage au sort pour savoir si on commence avec le bruit ou le silence) (série Versus)
#18 H2O les qualités sonores de l’or bleu (série les 4 éléments). Avec un bar à eaux minérales comme au Japon.
#16 Musique et politique (série Para//èle). Avec des politique en vue des élections régionales et européennes de juin. C’est la prochaine : elle aura lieu le mercredi 17 juin à Congrès (les détails suivront).

Ethique et statistiques

Les chambres d’écoute sont réalisées 100 % sans téléchargements illégaux. La majorité des musiques de ce soir sont achetées ou louées à la médiathèque. Les chambres d’écoute ne génèrent aucun profit et sont très chronophages pour les organisateurs. La TECC (la taxe pour l’écoute collective et contextuelle) sert à financer les divers petits frais.
En 2008, j’ai consigné scrupuleusement tous mes achats et locations de CD dans un petit carnet Moleskine : J’aurai dépensé 661,09 euros en musique (sans compter les CD offerts, une manière de manipuler les statistiques). Par mois, cela donne 55,09 euros. Par jour, 1,81 euros.
Mon engagement pour 2009 est de réduire ces dépenses à 1 euro par jour tout en maintenant la « qualité » des chambres d’écoute. Freiner la consommation et revisiter sa discothèque… Bonne année.
NB : le carnet Moleskine est consultable…


Parlez des chambres d’écoute autour de vous et manifestez-vous si la participation vous tente…

Merci merci merci

Axel











Midlife Crisis : A New Begining ?



Une chambre d’écoute/week end d’anniversaires proposée par Ingrid et Axel au gîte d’Arbrefontaine le 15 mai 2009

Chambre d'écoute # 14 : Tracklisting

Installez-vous bien ! Je voulais vous remercier, une fois de plus, d’être là ce soir. Le train comme objet sonore et source d’inspiration : si le train possède ces attributs, c’est parce qu’il participe à notre imaginaire de toute une série de façons. Je vous invite à lire les quelques lignes qui suivent le tracklisting : ce sont des pistes pour prolonger ce moment. Nous partons pour une cinquantaine de minutes de musique. Ensuite, le buffet concocté par Le Tartisan. Les photos sont d’Annick Laboureur, proche collaboratrice du Centre Scolaire de Ma Campagne (où elle enseigne notamment la photographie). Elle est présente ce soir et je la remercie vivement. Merci aussi à Arnaud de Congrès pour son temps, son enthousiasme et sa disponibilité. Merci à Henri pour la dimension culturelle de son engagement politique.
Merci, enfin, à Ingrid pour son soutien…

Chambre d'écoute #14 : Tracklisting

Herbert Distel La Stazione (HatHut)
On parlait de la gare de Milan ! Et bien Herbert Distel nous y emmène justement avec son morceau La Stazione. Des bruits de trains sont mélangés avec des pas et des annonces dans les haut-parleurs de la gare. Les sons sont enregistrés, puis travaillés jusqu’à devenir méconnaissables. Ce travail est un écho sonore qui renvoie à un opéra de Mario Peragallo (La Collina) où certaines personnalités du monde de l’art étaient célébrées. Herbert Distel est lui-même sculpteur et activiste dans la lignée de Fluxus. Nous avons déjà écouté Distel lors de la quatrième chambre d’écoute (consacrée à l’Art Sonore) avec son mythique Die Reise (un voyage en train entre Berne et Zurich) mais je n’ai pas résisté au clin d’œil (écouter La Stazione dans une gare).

Steve Reich Different trains (Black Box)
Dans ce quatuor pour cordes et enregistreur, Reich part de la voix humaine comme amorce. Sur cette base, il viendra greffer de nombreux souvenirs d’enfance liés aux trajets qu’il devait faire entre ses deux parents divorcés. Entre son père et sa mère, des trains, avec Virginia, la gouvernante. Les autres mouvements de cet opus explorent le thème des survivants de la shoah en mêlant les différentes trames. Cette interprétation est l’œuvre du Duke Quartet. Ce morceau est une proposition de François Dubuisson, qui n’est pas loin…

Stephen Vitiello Listening to Donald Judd (Sub Rosa)
Ceux qui apprécient l’artiste (Donald Judd) savent sans doute qu’il a pris possession d’un lieu au Texas (à Marfa) pour créer un espace à sa mesure. De son côté, le compositeur Stephen Vitiello a installé, dans le vaste entrepôt, son matériel pour capter ce que, faute de mieux, on nommera « l’esprit des lieux » (Guy Marc Hinant - le boss de Sub Rosa parle lui de « contenance sonore »). A Marfa, nous dit Vitiello, le calme est juste interrompu de temps en temps par les trains qui passent : « I was there to somehow record the elusive Marfa lights that appears almost nightly in the sky (…) Sounds were captured in and around the Donald Judd installations at Chinati, in a glider, in fields of grasshoppers and along some unknown street ».

Ulrich Schnauss Passing by (City-Centre-Offices)
Autre sonorité, autre instantané : le train qui passe au loin. On ne sait rien de lui : ni sa destination, ni le melting pot qu’il contient. Et pourtant, il nous fait rêver. C’est aussi le train qui, en passant, rythme notre quotidien.
Ulrich Schnauss est célèbre (et apprécié) pour avoir réussi le mélange assez improbable entre la musique électronique et la musique pop sombre anglo-saxonne.
Ce disque est paru en 2001 sur le label CCO qui était un de nos favoris. Un morceau long, qui installe, peu à peu, une atmosphère de « grandes étendues » traversées par un chemin de fer (une belle expression en soi).

Mouse On Mars Omnibuzz (Too Pure)
En 1995, Mouse On Mars (le duo formé par Andi Toma et Jan St. Werner) achevait de (re)placer Cologne sur la mappemonde Electro (en suivant les pas du défunt Stockhausen). Sur l’album Iaora Tahiti, qui célèbre a sa façon la déterritorialisation, le duo présente Omnibuzz : sympathique mot valise qui condense la rythmique tranquille du train « qui s’arrête partout » et le buzz, ce petit bruit qui fait parler de lui.

Maas Eurostar (Soma)
Soma, c’est un peu le label qui a placé Glasgow sur la planète Techno. La ville possède vraiment une ambiance particulière avec l’architecture de Charles Rennie Macintosh et son petit metro orange qui fait une boucle dans la ville (et que les habitants surnomment le « clockwork orange »). Le Nord (de l’Angleterre) a une âme. Ewan Pearson s’attaque lui au mythique Eurostar, ce train qui réduit les distances entre les grandes villes européennes. Avec la distance, on perd aussi de plus en plus le « temps » du voyage et le changement de territoire. Eurostar, avec ses téléphones portables qui gênent la lecture, avec son Wi-fi qui sabote nos neurones. La gare devient un shopping centre et le passage de la frontière fait penser à 9/11 (nine/eleven). Parfois, on en vient à préférer son petit train P (pour heure de pointe) à destination de Dendermonde, car lui s’arrête à la gare de Bockstael…

Chris Watson Ouleja Mine (Touch)
Cet ancien membre du très influent Cabaret Voltaire (Sheffield années 80) est devenu maître dans l’art de capturer des sons sur le terrain. Ici, nous sommes à Mexico, ou plutôt, dans une ville-gare abandonnée dans la périphérie de Mexico, le 13 avril 2005. Watson nous invite à pousser le bouton « pause et à écouter le battement du diesel et les tonalités de poudre bleue qui disparaissent dans le canyon ».

Telepopmuzik Last train to whenever (Catalogue)
Il n’y a pas si longtemps, Bristol redistribuait les cartes de la musique pop en inventant le trip-hop, cette musique qui mélangeait habilement les codes et proposait une musique souvent lente, toujours hypnotique. Le mouvement n’allait pas tarder à faire des petits hors des frontières de la cité balnéaire anglaise. Telepopmuzik est la réponse française à Massive Attack et autre Tricky. Ce morceau a été choisi pour son titre qui emprunte à la mythologie du « dernier train qui ne va nulle part ».

Lee « Scratch » Perry & Dub Syndicate Train to Doomsville (On-U Sound)
Sur le mythique label d’Adrain Sherwood, le pape de l’echo (et véritable alchimiste en studio) rencontre les apôtres de la musique dub pour un morceau qui commence avec le démarrage d’un train pour l’enfer. Tout l’imaginaire du voyage est contenu dans ces bruits métalliques d’un voyage que Lee annonce « sans retour ».

Terrestrial Tones Future Train (Paw Tracks)
Voici un morceau plutôt abstrait. La rythmique de machine à vapeur s’installe lentement. Le train du futur est là. Nous avons l’habitude de voyager à 300 km à l’heure. Eric Copeland (de Black Dice – un combo américain néo-bruitiste) et Dave Portner (de Animal Collective – un autre combo américain néo-folk) nous démontent gentiment ce mythe-là. Leur train du futur laisse un petit goût de folie dans la tête.

Neven BXL Central (Different)
Neven est une formation mythique belge. On a souvent parlé d’eux comme du premier groupe « trip-hop » de notre petit pays. Ils ont participé au projet « Bruxelles nous appartient » (lors des cérémonies de Bruxelles 2000) qui se présente comme une sorte de mémoire auditive de Bruxelles. Bxl Central est, pour nous, une façon de revenir à la maison. Merci à mon ami Yves Cardoen de m’avoir proposé ce morceau.


Petite mythologie de l’objet-train

En guise de postface à notre soirée, une petite justification de mon choix de traiter du train comme d’un objet. Je me base ici sur le texte de Roland Barthes Le mythe aujourd’hui dans lequel il définit le mythe comme « une parole ». Partant de ce constat, il ajoute : « On entendra donc ici, désormais, par langage, discours, parole, etc., toute unité ou toute synthèse significative, qu’elle soit verbale ou visuelle : une photographie sera pour nous une parole au même titre qu’un article de journal ; les objets eux-mêmes pourront devenir parole, s’ils signifient quelque chose… »
Le train est un objet quand il devient une parole. Le « train » est à lui seul un faisceau d’histoires qui démarrent toutes seules dans notre esprit, pour peu qu’on l’incite à partir dans ce sens.
Avec vous, ce soir, j’ai tenté d’explorer certains de ces mythes liés à l’objet-train. Voici exposés pêle-mêle quelques-uns de ces mythes :
La gare comme zone de séparation entre deux amants (voir le magnifique film britannique Brief Encounter)
Le compartiment comme zone d’accélérateur de désir (sans parler du train-couchettes ou du cama-coche espagnol)
Le train comme synonyme d’ailleurs
Le train comme son (dans toute sa matérialité)
Le train sans conducteur comme métaphore d’une société qui ne sait pas où elle va
Le train comme lien entre des zones coupées du monde
Le train comme marqueur de distinctions sociales ( la première classe et la deuxième, le billet business dans les nouveaux trains à grande vitesse)
Le train comme conquête sur le monde sauvage (la conquête de l’ouest)
Le train comme rythme quotidien/mortifère (le métro-boulot-dodo)
Le train en retard comme excuse universelle
La dichotomie entre l’express et l’omnibus
Le train mythique (l’Orient Express passe par chez nous en mars : vous pourrez monter à bord pour quelques 3000 euros)
Le service intérieur et les relations internationales (comme des ministères)
« être sur des rails » comme synonyme du déterminisme

« C’est que le mythe est une parole volée et rendue. Seulement la parole que l’on rapporte n’est plus tout à fait celle qu’on a dérobée : en la rapportant, on ne l’a pas exactement remise à sa place. »


En guise de prolongements

Une chambre d’écoute est toujours suivie de prolongements. Rien de tel qu’une petite sortie culturelle pour achever la conversation entamée ici ce soir. Quatre propositions d’activités qui mêlent art et train. Pour chacune de ces activités, un mail sera envoyé à tous les participants de la chambre d’écoute. Un rendez-vous sera pris et nous irons (même à deux !)

A deux gare d’ici, D’Or, l’installation de Kris Verdonck à l’extérieur des Brigittines : une installation qui mêle lumière et référence à Walter Benjamin (Angelus Novus). Elle démarre cette semaine.
Un voyage en train vers Liège pour visiter l’expo Les navetteurs du graveur Thierry Lenoir (lire le très bel article d’Isabelle Masson que je vous mets en annexe, paru dans le Victoire de la semaine passée). Au Placard à Balais, 9/11 rue des Mineurs. Attention : ouvert du lundi au vendredi de 10 à 16 h jusqu’au 13 février.
Un voyage en train vers Hasselt en direction de la Galerie Z33. Cet immense espace dédié à l’art contemporain est installé dans un ancien béguinage. L’endroit est magnifique. Nous sommes allés en décembre. Un petit lunch à la Villa Kakkelbont est aussi envisageable.
Un voyage en train suivi d’un parcours en tram le long de la Vlaamse Kust, c’est bientôt le temps de la triennale Beaufort : un parcours d’artiste le long de la côte ou des grandes pointures de l’art contemporain propose des œuvres (souvent crées pour le site). Je vous propose d’y aller ensemble, en train, pour achever de briser la glace. Cette manifestation en est, cette année, à sa troisième édition. Dates à confirmer…


Chambres d’écoute à venir

#10 DJ Culture : 5X10 (cinq DJ passent les dix morceaux qu’ils préfèrent pour danser). Toujours retardée mais elle arrive…(Hors-série)
#15 Masculin/féminin : gender studies : musique et identité sexuelle (série para//èle).
#16 Noise Vs. Silence : une double chambre d’écoute (avec tirage au sort pour savoir si on commence avec le bruit ou le silence) (série Versus)
#17 H2O les qualités sonores de l’or bleu (série les 4 éléments). Avec un bar à eaux minérales comme au Japon.
#18 Musique et politique (série Para//èle). Avec des politique en vue des élections régionales et européennes de juin.
#18 New Weird America (Série Territoires Imaginaires). Les USA, un territoire qui fait à nouveau rêver ?
#19 Pour continuer en français, tapez 1. Le téléphone et ses détournements dans la musique (série Objets).
#20 Du doigté : la harpe et l’accordéon au format pop (série Instruments)


Ethique et statistiques

Les chambres d’écoute sont réalisées 100 % sans téléchargements illégaux. La majorité des musiques de ce soir sont achetées ou louées à la médiathèque. Les chambres d’écoute ne génèrent aucun profit et sont très chronophages pour les organisateurs. La TECC (la taxe pour l’écoute collective et contextuelle) sert à financer les divers petits frais.
En 2008, j’ai consigné scrupuleusement tous mes achats et locations de CD dans un petit carnet Moleskine : J’aurai dépensé 661,09 euros en musique (sans compter les CD offerts, une manière de manipuler les statistiques). Par mois, cela donne 55,09 euros. Par jour, 1,81 euros.
Mon engagement pour 2009 est de réduire ces dépenses à 1 euro par jour tout en maintenant la « qualité » des chambres d’écoute. Freiner la consommation et revisiter sa discothèque… Bonne année.
NB : le carnet Moleskine est consultable…


Parlez des chambres d’écoute autour de vous et manifestez-vous si la participation vous tente…

Merci merci merci

Axel






------------------------------------------------------------------------------------------à découper
Vous n’avez pas reçu le CD souvenir. Je m’engage à vous le livrer personnellement à vélo (O gr/CO2) pour autant que vous habitiez dans les limites de la Région de Bruxelles-Capitale. Merci de remplir ce talon et de me le remettre.

Nom/___________________________ Prénom/____________________________
Adresse/___________________________________________________________________________________________________________________________________
Email/_________________________________






Central Station/le train comme objet sonore et source d’inspiration






Une chambre d’écoute/table d’hôtes proposée par Axel Pleeck (et le Tartisan) à Congrès le 21 janvier 2009

Chambre d'écoute # 14 Central Station: le train comme objet sonore et source d'inspiration

Toutes les gares reliées les unes aux autres par le rail formaient un empire dans la terre…[1]

Table d’hôtes et Chambre d’écoute # 14 : Central Station : le train comme objet sonore et source d’inspiration à Congrès le mercredi 21 janvier 2009 à 19h30

Comme je vous l’annonçais dans mon mail, les chambres d’écoute reviennent. Le principe reste le même : il s’agit de se rassembler pour écouter de la musique ensemble. Un acte convivial et enthousiaste à l’heure du MP3 et des lieux impersonnels de diffusion de la musique. Le thème de cette chambre d’écoute est le monde fascinant du train : Central Station : le train comme objet sonore et source d’inspiration.
Pour ce nouveau projet, nous sommes accueillis par Congrès, l’ASBL qui, depuis un an, transforme la gare du Congrès en lieu de culture et d’expérimentation. Un des axes programmatiques de cette ASBL est la sensibilisation à la musique et à son partage.
Voici le programme :
Ouverture des portes à 19h30 et apéro
20h30 début de la chambre d’écoute
21h30 table d’hôtes orchestrée par Le Tartisan
La participation est de 17 euros et comprend la traditionnelle TECC (taxe pour l’écoute collective contextuelle), la table d’hôtes et les 15 premiers inscrits recevront le CD avec les morceaux de la soirée.

Les prolongements

Une chambre d’écoute est toujours complétée par des prolongements : des propositions de visites ensemble pour prolonger la soirée. Ces rencontres se font sur une base volontaire peu importe le nombre de participants. Les prolongements de cette chambre d’écoute seront communiqués le soir même et rendez-vous sera pris avec les personnes intéressées.

Comment s’engager ?

En versant la somme de 17 euros sur le compte 063-1645113-28 avant le 19 janvier 2009 (avec votre nom et la mention « central station »). Le nombre de places est limité à 25. Les quinze premiers reçoivent le CD le soir même, les autres plus tard (livraison postale à vélo par mes soins dans la limite de la Région de Bruxelles-Capitale.
Partie détachable pour les distraits----------------------------------------------
Chambre d’écoute #14 Central Station
À Congrès (gare du Congrès) blvd Pacheco entre la gare du Nord et la gare Centrale, le 21 janvier 2009 à 19h30
www.grandensemble.blogspot.com et www.bruxelles-congres.be
[1] J’emprunte cette image à Pierre Sansot dans son très beau livre Poétique de la ville.