Agir collectif et culture partagée

lundi, décembre 20, 2010

Chambre d'écoute # 10 et 20 : DJ Culture/Hommage au dancefloor...

Toutes les playlists, dans l'ordre de passage...

Set d’Axel

Axel : pourquoi as-tu accepté de participer à ce projet ?
Axel : je suis obligé car c’est moi qui ait organisé ce truc ! Allez, amusons-nous bien !

1/Elastic Reality Cassa de X (Deep Dish Records) 1994
Ce morceau, je l’adore depuis plus de 15 ans. Pour moi, il est parfait pour commencer une soirée. J’ai l’honneur d’être le premier et je crois qu’il faut un morceau particulier pour ouvrir le bal. Pas trop rapide, pas trop lent. Ce groupe est le projet de Brian Transeau, un producteur de musique électronique dont on parlait beaucoup à l’époque. Il est toujours actif mais là, il était au top de sa carrière. Apparemment, ce morceau parle de sexe : la maison du X. C’est bon de penser un peu au sexe sur un dancefloor. Ce disque est publié sur le label de Deep Dish, un duo irano-américain que j’adore… (cfr. Infra)

2/Deep Dish presents Prana The dream (Deep Dish Records) 1994
Un autre projet de Brian Transeau, mais cette fois, il s’agit d’une véritable collaboration avec Sharam et Dubfire (le duo Deep Dish, qui allait quelques années plus tard remixer le monde entier). Comme Cassa de X, j’adore ce morceau pour danser. Il est simple mais les beats sont légèrement métalliques, ce qui donne à ce morceau un côté intemporel… Il parle du monde du rêve…un autre ingrédient important du dancefloor… Laissez-vous faire !

3/Orbital Impact (Internal) 1993
Une longue histoire relie ce morceau et mon humble parcours de niteclubber : j’ai vu ce groupe faire danser 60.000 personnes en tête d’affiche du festival de Glastonburry. J’étais pieds nus. Je buvais de l’eau de source de la région (un sabot à ma voiture à Londres avait grevé mon budget alcool) et je me suis senti transporté dans une autre dimension. Depuis lors, ce morceau fait partie de moi. Il était programmé lors de la première chambre d’écoute sur l’espace… Il le fallait ce soir…

4/Ulf Lohmann Because (Thomas/Mayer remix) (Kompakt)
Un morceau tout simple du grand label de Cologne, déjà proposé lors de la chambre d’écoute consacrée à cette magnifique ville. 120 BPM (battements par minute), c’est plus qu’un repère, c’est une véritable philosophie. J’adore…

5/Matthew Dear You put a smell on me (Ghostly International) 2010
Découvert lundi soir lors de son concert, je n’ai pas résisté : le titre (savant jeu de mots entre smell – odeur- et spell – sort) indique que le DJ est celui qui vous jette un sort, et qui vous fait transpirer… Ce morceau est tout entier tourné vers la magie du dancefloor…

6/An Der Beat Funk (Different Recording) 1999
Ce morceau peut réveiller un mort, depuis plus de 10 ans. Impossible de feindre la lassitude. Vos pieds vous susurrent de vous diriger gentiment vers le dancefloor et de vous exécuter. Résister ne sert à rien ! Découvert en Espagne, testé live au KultuurKafee. Du tout bon !

7/Gabinete Caligari El calor del amor en un bar (EMI-Odeon) 1986
Véritable fer de lance d’une certaine scène new wave espagnole, Gabinete Caligari est actif depuis 1981. Après avoir commencé avec une musique très sombre (limite Joy Division dans la langue de Cervantès), ils revisitent avec brio leurs origines. Ce morceau a toujours été un de mes classiques. Je le passais très tard, quand tout le monde avait abusé de cerveza et de vino tinto.

8/ Los Fabulosos Cadillacs El Matador (Columbia) 1994
Ils viennent d’Argentine. Ils proposent Matador au monde en 1994. Et le monde succombe. Rien à rajouter !

9/Dalaras-Bregovic KI AN ΣE ΘEΛΩ (EMI-Minos) 1997
Une version balkanique du célèbre morceau traditionnel repris (et immortalisé sur les dancefloors) par Rachid Taha. Découvert, en son temps, par mon ami Jérôme Coche avant tout le monde, cette mélodie est un m²ust. Elle permet le rapprochement des corps, et des âmes. Eh oui, le dancefloor est aussi affaire de métaphysique…

10/Stromae House’llelujah (Mosaert/Vertigo) 2010
Ne criez pas trop vite ! Ne me lynchez pas ! Chapeau pour ce petit gars qui a (re)placé la Belgique sur les dancefloors européens. Alors on danse, cette ode aux aspects carthartiques de la danse a crée la surprise cette année. Bonne surprise aussi son concert de mardi soir auquel nous avons assisté en famille (une première) : une reprise de Putain Putain en duo avec Arno et une version de son tube avec un orchestre symphonique virtuel…
Je vous le passe aussi car je trouve le parallèle qu’il fait entre la musique et la religion pertinent. Les boîtes de nuit ne sont-elles pas les nouveaux temples (avec les bourses) ?

Set d’Yves

Axel : pourquoi as-tu accepté de participer à ce projet ?

Yves : Parce que... J'aime bien passer des musiques que j'aime et faire partager mon enthousiasme pour ces musiques.
Si je bouge dessus, j'ai envie que les autre bougent aussi dessus.
Et puis c'est gai de passer des musiques pour des fêtes ... et fêter cet anniversaire ce jeudi 16 décembre 2010 de ta 20° chambre d'écoute "dance"
c'est tof !

Introduction

Dès qu'il y a sélection , il y a défi.. choisir son "top 10" des morceaux "dance" ou 1 heure de DJ, voilà un beau challenge !
En plongeant dans ma discothèque, j'en trouve des dizaines... mais ceux de ce soir sont pour moi le reflet du déclic :
j'entends le morceau, je me lève et je bouge ! Il faut ce moment d'immédiateté pour qu'un morceau me fasse danser. Peu importe le groupe, les paroles.
Dans un instant je vous envoie des morceaux positifs, créateurs de frissons, pour faire la fête ! Des morceaux "Peace & Noise" (Patti Smith)
Passeur de disques pour des soirées de fête essentiellement, je vous propose un échantillon teinté de pop/rock car c'est quand même ce que je préfère !
Allez merci Axel pour cette belle occasion et quel honneur... ! Bon anniversaire à la (10ème) et 20ème Chambre d'écoute !


1/ Faithless - Insomnia - Monster Mix - 1996
Un son puissant, des frissons qui montent, le souvenir d'un concert à Werchter en 2001...toute la plaine dansait !
Leur morceau phare ici en version "monster"... terrible intro !

2/ Chemical Brothers - Hey Boy Hey Girl - extrait compil "singles collection" - 2008
Le morceau pour lancer l'affaire.. l'appel du Dj qui amène les Girls et les Boys sur la piste.
Un groupe que je connais que par quelques morceaux... je vois même pas leurs têtes à ces frères...
Let's go !

3/ Pierre Henry - Psyché Rock - 1966
Le premier morceau rock sur lequel je suis monté sur une scène... un spectacle en gardienne ou primaire, où je faisais la lune...
Quel morceau... Energie pure aux sons expérimentaux des années 60'. Ici la version originale... remixée de nombreuses fois par la suite.
J'ai (re)vu Pierre Henry en 1998 au Bota... un personnage !
Pour rappel : musique composée pour le Ballet du XX° siècle / Maurice Béjart - Messe pour le temps présent... je ne l'ai pas vu ;-(

4/ The Rolling Stones - Sympathy for the devil - 1969 - en live au Madison Square à New York
Fallait un Stones... Un Live car c'est là qu'ils sont les plus forts !
Un morceau de la grande époque... mais pour moi c'est toujours leur grande époque... faut les voir, c'est la fête sur scène, ils s'amusent !
Et puis Charlie Watts, mon batteur fétiche... bon vous l'avez compris , un coup de coeur !
Et puis terrible à jouer à la batterie!

5/ Status Quo - Caroline - 1973
Avec les Stones, ce sont les 2 + vieux groupe de rock encore en "vie" et en action !
Status Quo du début à la fin... mais quel tempo... la fête aussi sur scène ! Un de leur meilleur morceau !
Du BoogiePopRock, simple efficace... Rock'n roll !

6/ Deus - Roses - 1996 - Album "In a bar, Under the sea"
Place au Belge ! Deus a bousculé dans les années 90 le panorama du rock belge...
Pas le + connu du groupe mais pour moi un des meilleurs... Une intro calme mais déjà remplie d'énergie avec cette guitare répétitive, les cordes du violon qui grincent
et la voix de Tom Barman qui monte...
Même en écrivant ce texte, j'ai les frissons qui montent... et ça monte , et ça monte...
C'est vraiment le morceau "anti-dance" mais quelle pêche quand on danse dessus... il me rappelle toujours des fins de soirées au Tat'... là, pas la peine de se demander,
on danse, tourne saute dessus ! Laissez vous aller !

7/ Vive La Fête - Nuit Blanche - 2003 - Album "Nuit Blanche"
Retour aux basses... Dany Mommens quitte Deus et crée avec Els Pinoo ce groupe décallé mêlant fête, françaisenglishnedrelands, sonorité années 80 à la Cure.
Encore une fois un groupe qui sur scène pète la forme. Et puis 2 personnages... et Els !

8/ The Tin Tings - Great DJ - 2008 - Album "We Started Nothing"
Un duo anglais qui amène quelque chose de neuf fin des années 2000 tout en s'inspirant de ... Blondie pourquoi pas.
Un titre de circonstance... et qui n'oublie pas dans les paroles que la musique c'est d'abord affaire d'instruments bien foutus !
Pêche et voix féminine... rien de tel ! Leur premier album... le 2° doit être sorti ?

9/ Rachida Brakni - J'aime regarder les mecs - 2009 - Compil "Madame aime"
Un clin d'oeil à "J'aime regarder les files " de Patrick Coutin... mais version fille ... cette fois-ci ce ne sont pas "les poitrines qui sont gonflées par le désir de vivre"... écoutez...
Un super morceau repris par Rachida Brakni, actrice française; elle est ici sur une compil faite d'actrices reprenant des morceaux pop français... sympa !

10/ Orchestre National de Barbès - Alaoui - dans les années 90... - Album "Live"
Là c'est la découverte du Maroc en 1989 et la passion qui s'en est suivie... pas une musique traditionnelle marocaine mais un "bout d'Afrique égaré au pied du Sacré Coeur" (dixit ONB)
L'orchestre National de Barbès, un collectif qui arrive à faire oublier les frontières et à amener le feeling de son "bled"
Un morceau que je passe chaque fois en soirée et c'est la fête... une de plus ! Fallait un peu de "world" quand même...

11/ Starsailor - Floor to the floor - dans les années 2000...
Un souvenir d'un bal de 14 juillet 2006 en Drôme avec un groupe live - Arcades - qui reprenait ce morceau ! Ambiance...
Et puis le redécouvrir en disque... c'est le genre de morceau qui redonne la pêche... terrrrrible intro encore une fois... je suis pas difficile...
Sinon à part ça... Starsailor???

12/ Underworld - Dirty - 1993 - Compil "UNderwar 1992-2002"
Pour bouger dans tous les sens, ça vient de partout... rien à dire c'est du senti...
Du brut , du tribal et puis tout d'un coup une pause...

13/ Boney M - You gotta home - 1979 - Compil "Boney M The Best Of"
Et non vous n'aurez pas le tube"Barbara Streisand" qui cartonne actuellement et que j'adore... vivement le réveillon!
Je vous mets la "réplique" originale de 1979 par Boney M...et oui...mes enfants étaient paf !
Pour plaire à Axel , une petite réplique philosophique :
"Rien ne se perd, rien ne se crée !", c'est ça...?



Set de François/Space Cookie

Oh, comme il est frustrant de devoir limiter sa sélection à dix morceaux « préférés », là où une centaine de pistes suffirait à peine à rendre compte de la gamme de ses goûts et de ses coups de cœur. L’idée conductrice était de varier les plaisirs sans se limiter à un style, tout en conservant une certaine cohérence. Et d’allier classiques aux dernières nouveautés. On glissera ainsi du jazz à l’électro, en passant par le rock, le post-punk, la soul et d’autres choses encore difficilement classifiables… Bien sûr, j’ai retourné ma liste dans tous les sens, je l’ai modifiée cent fois, pour finalement me décider parce qu’il le fallait bien. Toutes mes excuses donc aux Specials, Go! Team, Sonics, Empire Projecting Penny, Le Tigre, Syrup, Mr. Scruff, ESG, Bees, Althea & Donna, Flying Lizards et bien d’autres, pour les avoir finalement exclus de ma liste pour des raisons purement arbitraires…


1. Buddy Rich The Beat Goes On (Blue Note, 1967)

On commence avec le swing ondulant de ce morceau du batteur jazz Buddy Rich, reprise d’un morceau de Sonny & Cher. Ca débute en douceur avec la charmante voix de Cathy, la propre fille de Buddy Rich, et ça se termine par un déferlement de batterie et de cuivres pétaradants.

2. Pilooski AAA (I Get RVNG, 2010)

Instigateur de la série « Dark & Lovely » exhumant sur vinyle tout ce que la musique connaît de bizarreries mélancoliques, Pilooski est devenu un remixeur et un ré-éditeur incontournable, aux goûts très éclectiques (Frankie Valli, CAN, The The, LCD Soundsystem, Dee Edwards,…). AAA nous emmène dans une Jamaïque étrange, bercés par une voix féminine envoutante et emportés par un rythme hypnotique.

3. Yse Saint Laur’ant Abah Dabah Dis (Popular People’s Front Edit) (White Label, 2010)

J’aime les morceaux qui nous font perdre nos repères et nous emmène dans des contrées inexplorées. Ce morceau est totalement mystérieux : il s’agit manifestement d’un edit electro d’un vieux morceau, mais impossible d’en trouver l’origine : ni de cette intrigante « Yse Saint Laur’ant », ni de la langue chantée. Quant au Popular People’s Front, il s’agit d’un collectif qui publie ses edits dans sa collection « Limited Series », dont est issue ce morceau.

4. Talking Heads Slippery People (Cosmic Boogie Edit) (EMI, 1984)

Il s’agit d’un morceau que je passais fréquemment dans mes jeunes années de DJ, dans sa version « live », tirée de l’album (et du film) Stop Making Sense. Talking Heads est resté aujourd’hui un groupe particulièrement précurseur et influent. « Slippery People » célèbre les noces du funk blanc et de la musique africaine. Il est délivré dans son récent « cosmic boogie edit », qui en allonge le plaisir.

5. Chicken Lips Ron Silver (Big 200 Version) (Lipservice, 2010)

Actif depuis une dizaine d’années, le groupe anglais Chicken Lips est surtout célèbre pour son hit electro « He Not In ». « Ron Silver » est un disco funk endiablé, directement inspiré de la scène punk-funk et disco-not-disco du début des années 80.

6. Liquid Liquid Optimo (Optimo Mix) (99 Records, 1983, Domino, 2008 pour le remix)

Liquid Liquid est de ces groupes dont l’influence est inversement proportionnelle au nombre de disques qu’ils ont publié, en l’occurrence une poignée d’EP’s sortis à l’aube des années 80 mais aucun album. Leur musique est essentiellement faite de rythmique et de basse, faisant s’entrechoquer le funk, l’afrique, le brésil et le no-wave new-yorkais. Leur plus célèbre morceau, « Cavern », a été pillé par Grand Master Flash pour son « White Lines (Don’t Do It) » et le procès qui s’en est suivi a débouché sur la faillite des deux labels concernés… Lors de la réédition de leur œuvre en 2008, le label Domino a demandé au duo écossais Optimo de remixer le titre qui à l’évidence avait inspiré leur nom. Le résultat est très convaincant.

7. Munk feat. James Murphy & Nancy Wang Kick Out the Chairs (WhoMadeWho Remix) (Gomma, 2004)

Il était difficile de faire ma sélection sans y inclure d’une manière ou d’une autre James Murphy, qui avec son groupe LCD Soundsystem et son label DFA (Rapture, Hercules and Love Affair, Juan Mac Lean,…), aura le mieux incarné ces dernières années le mariage entre rock et danse, passé et présent. Il est invité ici à prêter sa voix sur un morceau du groupe allemand Munk, remixé par le collectif danois WhoMadeWho, qui transforme tout ce qu’il touche en petite bombe groovy.


8. Tom Tom Club Wordy Rappinhood (12’’ Version) (Island, 1981)

Formé de deux membres des Talking Heads, Tom Tom Club a délivré en 1981 deux pépites remuantes avec « Genius of Love » et ce « Wordy Rappinghood », qui sont restés des classiques indémodables.

9. Pitchtuner Shocco (Doxa Records, 2003)

Pitchtuner est un groupe germano-japonais, basé à Berlin et Osaka. Chanté en japonais, Shocco est un merveilleux condensé d’énergie punk, de funk hybride et d’électro barrée.

10. Shirley Ellis The Clapping Song (London Records, 1965)

La boucle est bouclée, on est parti des années 60 pour y revenir au final, avec ce qui est un de mes grands classiques de DJ, le formidable « Clapping Song » de Shirley Ellis, ou comment danser le sourire aux lèvres, en se replongeant dans l’enfance.

Set de Jacques

Axel : Pourquoi as-tu accepté de participer à ce projet ?
Jacques :Spécialiste en rien et amateur de presque tout en matière de musique, je suis encore moins doté d'une véritable culture de club. N'étant de plus pas d'un naturel très appliqué, mes sets empruntent plutôt des voies buissonnières qui, à force de tours et détours, m'imposent de grands écarts stylistiques. Ce Salon Musical un peu particulier m'offre précisément l'occasion de proposer une heure de musique diversifiée, voire débraillée, mais doté toutefois d'un mince fil rouge. A vous de le découvrir !

1) Yellow Magic Orchestra – Absolute Ego Dance (Alpha)
Impossible de débuter ma séquence sans rendre hommage à ce trio capital dans l'évolution de la pop japonaise jusqu'alors encore très marquée par les canons occidentaux. Pionniers de l'électronique dans leur pays, le groupe aura joué avec les signes, associant amour du modernisme clinquant et goût pour les saveurs mensongères de l'exotisme, passant du rigorisme à l'exubérance. Ce titre, issu de leur deuxième album 'Solid State Survivor' sorti en 1978, mèle un thème electro-pop à une danse traditionnelle d'Okinawa, façon élégante et humoristique de nouer le circuit intégré au kimono.

2) Abel Zénon – Pas O Soué La (Sound Way)
En vogue dans les bals antillais à la fin des années soixante, le tumbélé aura, de façon éphémère tenté la fusion entre les musiques populaires de Guadeloupe et Martinique (biguine et gwa-ka) et des influences extérieures (rumba congolaise, le compas haïtien et les rythmes cubain). On doit ce titre particulièrement enlevé au saxophoniste Abel Zénon, roi des punchs en musique à cette époque.
Vas-y Zénon, c'est bon !

3) Juicy Fruits- Jenny Wa Gokigen Naname (Columbia)
La carrière de ce groupe japonais fut éphémère et discrète, une poignée d'albums à la signature très typée: des thèmes surfs, new wave et techno-pop acidulés par la voix candide et enfantine de Okuno Astuko. Mais de cet amalgame naquit ce (traduction libre) 'Jenny est de Mauvaise Humeur', peut-être l'un des titres les plus populaires et repris de l'histoire de la pop japonaise et qu'une Lio aurait pu, chez nous, reprendre à son compte.


4) Andreas Dorau und die Marinas – Fred Von Jupiter (Ata Tak)
Elles se pâment pour son charme et sa flatteuse musculature, les Marinas. Le jupitérien Fred, dont nos juvéniles choristes (elles avaient 13 ans, au moment de l'enregistrement de la chanson) chantaient en 1981 les louanges, n'était autre qu'Andréas Dorau, à l'époque à peine plus âgé qu'elles (17 ans) mais déjà auteur d'un savoureux album de pop miniature servies par des synthés bons marchés et dont la formule (humour dada + esprit punk) se retrouvera appliquée chez d'autres artistes estampillés Neue Deutsche Welle (la new wave allemande), tels que Trio et son fameux 'Da Da Da',

5) Xeno and Oaklander – Sentinelle (Wierd Records)
Ici, c'est un peu de la Belgique qui s'exporte vers les Etats-Unis. Car cette mélodie glaciale et flegmatique, tapissée d'arpégiateurs et de boîtes à rythme, marqueurs sonores typiques de la cold wave pratiquée il y a 25 ans dans nos régions ainsi qu'en France (Trisomie 21, Siglo XX, Polyphonique Size) est en réalité de facture récente, new-yorkaise de surcroît et parade aujourd'hui sous le vocable de minimal wave.


6) Rocca - Baby Mine (Myspace)n
Découvert il y a 3 ans aux hasards mes de pérégrinations à travers les pages du site communautaire MySpace, ce titre aux synthés épais et à la rythmique opératique conçu par le jeune duo suédois Rocca est devenu l'un des invités les plus réguliers de mes platines. 'Baby Mine' constitue un parfait exemple de cette obsession rétrospective pour le clinquant des années 80 (Moroder, Trevor Horn) qui traverse une bonne partie de la production musicale pop contemporaine.

7) Magnus International – Kosmetik (Full Pupp)
Tiré d'une compilation éditée par Full Pupp, le label de l'artiste norvégien Prins Thomas, ce morceau exploite un filon dance, certes bien rôdé (un beat space disco, un thème electro et quelques nappes de synthés pour faire monter l'émotion) mais pratiqué avec une indéniable élégance et qui respecte parfaitement le cahier des charges de tout floorfiller qui se respecte

8) Lizzi Mercier Descloux – Fire (ZE Records)
Plus connue à travers son hit de 1983 d'inspiration sud-africaine 'Où Sont Passées Les Gazelles', cette chanteuse aura été l'une des égéries du très stylé ZE Records, un label franco-américain tenu par son compagnon Michel Esteban et qui s'inscrit carrefour du punk, de la no-wave new-yorkaise et de la disco, forme musicale hybride que résume l'oxymore disco not disco. Ici, elle insuffle une irrésistible pulsation à 'Fire', vieux succès d'Arthur Brown, chanteur anglais excentrique tombé dont la petite histoire retiendra son goût pour les mises en scènes grand-guignolesques. .

9) Harlem World Crew Rapper – Rappers Convention (Hero)
A la fin des années septante, avant que le DJ et ses platines n'écrase le genre de tout son poids et de ses scratchs, le hip hop pouvait encore s'exprimer avec accompagnement live, des musiciens assurant le support musical, le plus souvent funk ou disco, à charge des MC's d'innerver le morceau par l'inventivité et le dynamisme de leur le flow.
Cet irrésistible enregistrement de 1980 voit se succéder derrière le micro quatre rappers qui furent actif en tant que membres résidents du club new-yorkais Harlem World.

10) Grimes – Devon (Arbutus)
Et, pour finir, dansons ou lévitons en compagnie de la Montréalaise Claire Boucher, dont la ritournelle éthérée aurait jadis fait bonne figure sur 4AD, le label des Cocteau Twins. Armée de son laptop, cette musicienne et illustratrice (c'est d'époque) à peine sortie de l'adolescence a déjà livré en 2010 deux albums à la production hésitante, de petits essais inachevés, fragments oniriques aux réminiscences nombreuses jetés sur disque et qui constituent une nébuleuse sonore très personnelle.



Set de Maya

Axel : Pourquoi as-tu accepté de participer à ce projet de chambre d’écoute ?

Maya : ...parce que le projet le valait bien, le lieu aussi et sans doute aussi l'idée d'écoute attentive de la musique... partage, découverte...


Set de Maya

1/
Intro. voix d'homme. Mode d'emploi du set...

2/
Film 2 / GRAUZONE / Die Sunrise tapes / 1985
Grauzone est un groupe suisse fondé au début des années 1980 par Stéphane Eicher et son frère Martin Eicher.

3/
How much are They / YAH WOOBLE & Holgar Czukay & Jaki Liebezeit / 1981
Groupe anglais dont Yah Wooble est le chef de file, éjecté de PIL (Public Image Limited) groupe créé à la suite de la fin du groupe des Sex pistols.

4/
Eisbar / GRAUZONE / Die Sunrise tapes / 1985
Groupe qui fait partie d'un genre musical apparu à la fin des années 1970 et qui a connu ses heures de gloire essentiellement dans la première partie des années 1980. On peut le considérer comme un sous-genre du courant post-punk, dont il radicalise le minimalisme et la froideur.

5/
Lady Shave / Fad Gadget / Album? / 1982
Fad Gadget est le nom de scène de John Francis (Frank) Tovey (8 Septembre 1956 au 3 avril 2002), un influent avant-garde britannique musicien électronique et de la chanteuse. Il était un partisan de la New Wave à la fois et au début de la musique industrielle.Comme Fad Gadget, sa musique a été caractérisée par un usage distinctif de synthétiseurs en liaison avec les sons d'objets trouvés, y compris les exercices et les rasoirs électriques. Ses paroles sombres, sarcastique, et d'humour noir, souvent en couches de sens et de discuter de sujets tels que les machines, le bâtiment, la sexualité humaine, et la violence physique, étaient chantés dans un bourdonnement, souvent la voix sans expression.

6/
No Shuffle / Front 242 / / 1984
Musique électronique radicale et minimaliste, à la fois dansante et aux rythmes martiaux, soutenue par des samples issus de la télévision, ainsi que par une imagerie paramilitaire. Cet ensemble sans concession les place dans la mouvanceindustrielle initiée par des groupes anglais tels que Throbbing Gristle ou Cabaret Voltaire ou des groupes de musique électronique allemands (Kraftwerk...)

7/
Marian / SISTERS OF MERCY / First and Last and Always / 1985
Groupe de rock gothique anglais. Le nom du groupe serait inspiré d'une chanson de Leonard Cohen où la locution « the sisters of mercy » désignerait alternativement un ordre religieux du même nom et des prostituées. Très influent dans les milieux gothiques, le groupe n'a pourtant sorti que trois albums en près de 25 ans d'existence.

8/
Lena / 2 BELGEN / Lena / 1985
(2 Belgen) Groupe belge (cocorico) de New-wave des années 80. Le groupe est né à Gand à l'initiative du chanteur / guitariste Rembert Le Smet et du batteur Herman Celis.

9/
Psyche Rock / Pierre Henry & Michel Colombier / Psyché Rock / 1997
Pierre Henry, compositeur français. Il est considéré comme le « père » (avec Pierre Schaeffer) de la musique électroacoustique (comprenant la musique concrète, la musique acousmatique, et la musique électronique).

10/
Plastic dream / JAY DE / Plastic dream / 1992
Un classique dans la mouvance House européenne. Succès mondial.

11/
Ibiza / AMNESIA / Rock to the Beat / Amesia / 1988
l’Amnesia est une boite de nuit très électro à Ibiza… Véritable tube de l'année
et dans le top 5 de mes tracks préférés

12/
20Hz / CAPRICORN / 20hz / 1993
Si les Gilles de Binche pouvaient sortir de leur cercle, ils se seraient déplacés ce soir pour accompagner ces rythmes de batteries.

13/
Housewife / DAAN / Victory / 2004
Morceau tiré du troisième album du groupe, Daan Stuyven et ses musiciens proposent ici une version instrumentale rythmée et efficace,
ce morceau sert aussi d'introduction lors des concerts de la tournée.

14/
Raven / PROXY / The Bang Gang Dejays / 2008
Roulez jeunesse... woooiiiiiiiinw! wooooooinnninw!

15/
Vomit In Style / THE SUBS / Vomit In Style / 2010
Morceau au titre inspiré d'une mésaventure arrivée à un des membres du groupe durant un concert pendant qu'il jouait il a ... in style!
Originaires de Gand, style électro-house,les voir en concert est une expérience unique.

16/
Interlude musical pour annoncer la fin du set

La danse est de la philosophie en acte[1]

Chambre(s) d’écoute #10 et 20 :DJ Culture/Hommage au dancefloor à Congrès le jeudi 16 décembre de 19h à minuit

Longtemps annoncée, toujours reportée, elle voit enfin le jour : une chambre d’écoute différente, qui célèbre ce qu’elle entendait critiquer : le dancefloor comme unique lieu d’écoute collective (le concert est encore autre chose).
Pour cette soirée, j’ai réuni cinq DJ’s (amateurs, professionnels ? Peu importe) et je leur ai demandé de choisir les 10 morceaux qu’ils préféraient pour danser. Libre à eux d’interpréter cette consigne comme ils l’entendent.
Le choix des morceaux sera argumenté sur un écran géant (pas de livret, donc). Le set de chaque DJ ne dépassera pas 1 heure. Maya Cox, Jacques de Neuville, Yves Cardoen, François Dubuisson ont accepté de relever ce défi (je serai le cinquième). Je les remercie très fort.
Comme une petite soirée, cet événement rassemblera les travailleurs de tous bords pour une sorte d’Afterwork Party, apéro underground, happening dédié à la DJ Culture, etc 5 heures de musiques ininterrompues, dansantes et argumentées…
Remarque : cette chambre d’écoute n’est évidemment pas réservée aux plus jeunes sous prétexte qu’elle rend hommage à la DJ Culture (l’âge cumulé des DJ’s de ce soir totalise deux siècles !) Soyez curieux : merci de passer nous dire bonjour !


Programme :
19h : ouverture des portes et du bar. DJ set d’Axel.
20h – 24h : Yves, François, Jacques, et Maya.
24h : clôture

La participation est fixée à 3 € et comprend la TECC (Taxe pour l’écoute contextuelle et collective) et un petit budget pour remercier dignement nos DJ’s bénévoles.

Comment s’engager ?

Pas de réservation (car pas de livret à produire). Votre présence enthousiaste suffit. Nous espérons être une centaine donc n’hésitez pas à en parler autour de vous et à amener vos amis.

Adresse : Congrès, 40 blvd Pacheco 1000 Bruxelles (attention il faut rentrer dans la gare par les escaliers)
Mon gsm : 0494/418.465
Blog : www.grandensemble.blogspot.com


[1] J’emprunte cette citation à Paul Valéry, cité par Alain Foix dans son Je Danse donc je suis, collection Chouette Penser, Giboulées, Gallimard jeunesse. Une très bonne collection d’ouvrage de philo pour les jeunes dirigée par Myriam Revault d’Allonnes.

Chambre d'écoute # 22

Nous sommes une myriade de choses que nous ignorons[1]

Chambre d’écoute #22 : Maîtres et disciples/l’école et ses enjeux au regard de la musique (série Para//èle)

Introduction :
Deuxième partie de la soirée, cette chambre d’écoute entend mettre en musique certains des thèmes qui nous motivent en tant qui fondateurs de l’asbl RED/Laboratoire Pédagogique. Si vous n’étiez pas là au cocktail, procurez-vous vite un papier explicatif. Nous avons besoin de vous, de vos contacts, de vos idées et de votre enthousiasme.
Ce soir, François et moi-même allons vous proposer un parcours musical qui entend d’abord solliciter votre mémoire d’écolier (c’est la classe de Maître François) et ensuite remettre en question ce vécu et le confronter aux défis actuels (c’est la classe de Monsieur Axel).
Merci à Congrès de nous accueillir une fois de plus, merci à François de me prêter main forte. Merci à vous d’être là. Créer une asbl, cela prend du temps : vos CD ont pris un peu de retard. Je vous prie de m’excuser.

Maîtres et élèves : Tracklist

Classe de Maître François
1/ Intro Disque 33t longue durée
En guise d’introduction, une petite madeleine de Proust évoquant ces disques dont les histoires ont égayé nos jeunes années d’école…



2/ Four Tet Parks (Domino)
Kirian Hebden, alias Four Tet, est considéré comme l’un des pionniers du “folktronica” mélange d’instruments acoustiques et d’expérimentation électronique. « Parks » évoque les sorties d’école avec les enfants se précipitant dans les parcs ensoleillés pour se courir après…

3/ Catherine Demongeot Zazie dans le métro (Naïve)
Il s’agit d’un court dialogue tiré du film réalisé par Louis Malle d’après l’œuvre de Raymond Queneau, dans lequel Zazie nous explique les raisons de sa vocation d’institutrice. Savoureux.

4/ Takagi Masakatsu Com March (Karaoke Kalk)
Musicien et vidéaste japonais, Takagi Masakatsu réalise des miniatures musicales poétiques faites de sons délicats, de bruitages et d’éclats de voix. « Come March » nous emmène dans une classe maternelle japonaise, avec ses instruments jouets, ses babillages enfantins et son atmosphère ludique.

5/ Machinefabriek Dansen Met Groene Groenten (Type)
Machinefabriek est le projet du musicien néerlandais Rutger Zuyderveldt, à la production florissante (il sort un nouvel enregistrement tous les mois). Extrait du 45 t « Lendelietjes », ce morceau détourne une cassette de leçon de néerlandais et ses phrases absurdes en charmante ritournelle électronique.

6/ Boards Of Canada Aquarius (Warp)
Groupe composé d’un duo écossais, Boards of Canada conçoit une musique électronique abstraite (peu de chants) et atmosphérique, fortement liée au monde de l’enfance, aux préoccupations écologiques et aux théories mathématiques. Issu de premier album Music Has the Right to Children, Aquarius évoque les leçons de couleurs (« orange ») et de nombres (des suites de chiffres égrenées de manière machinale) sous les rires amusés de bambins.

7/ Laurent Garnier Jeux d'enfants (F Communications)
Pape de l’électronique française, DJ résident de la légendaire Hacienda de Manchester, Laurent Garnier s’est récemment tourné vers des productions plus introspectives, éloignées des impératifs du dancefloor. Le bien nommé « jeux d’enfants » déploie sur une rythmique martiale des sons d’ambiance tirés d’une cour de récréation, pour finir sur une célèbre comptine, à reprendre en chœur…

8/ Rappers Delight Club Hum (2008)
On termine cette sélection avec le résultat réjouissant d’un projet musical réalisé à la Glenallan Elementary School à Silver Spring, où l’on apprend à des enfants de 5 à 12 ans à s’exprimer par le rap et travailler les rythmes, juste après les cours. Les morceaux enregistrés ont été postés sur leur site myspace et ont rapidement rencontré un large succès. Le groupe britannique Go Team ! (très recommandé) les a invités sur leur second album paru en 2008, sur le morceau « Universal Speech ». « I’m rappin’ Let’s goooooo ! »

Classe de Maître Axel
1/Britten The Young Person’s Guide to the Orchestra (Teldec Classic) interprété par le BBC Symphony Orchestra sous la direction de Sir Andrew Davis
Ici aux Chambres d’écoute, on aime bien Britten. Il est déjà apparu dans l’une ou l’autre sélection. Aujourd’hui, c’est une toute autre histoire. Ce morceau est le morceau pédagogique par excellence. Il a été crée pour accompagner un film qui présente les différents instruments de musique composant l’orchestre. Pour ce but pédagogique noble, Britten reprend un thème et une fugue de Purcell issus d’Abdelazar, ou la revanche du Maure. Les 13 variations représentent chaque fois un instrument (ou groupe d’instruments). Dans la fugue, les instruments font leurs entrées dans le même ordre que dans les variations. Nous n’aurons pas, malheureusement, la fin (sauf ceux qui ont le CD). Cette pièce illustre à merveille le ton démocratique que Britten donne à son travail : l’individuel prime sur le collectif, chaque joueur est comme un soliste… On aimerait voir appliquer ces principes dans nos classes.

2/Miwon Vertizontal (City-Centre-Offices)
Pour les membres fondateurs de RED/Laboratoire Pédagogique (sorry j’aime cette expression un peu pompeuse), ce morceau a valeur de manifeste. En effet, un de nos principaux axiomes de travail est basé sur la notion de « transversalité ». Dans la classe, le professeur est sommé de choisir entre la relation verticale (« l’autorité du maître prime ») et la relation horizontale (« le professeur comme copain »). Ces deux impératifs mènent à une impasse. La relation transversale (vertizontale selon Miwon) est une position qui renvoie dos-à-dos ces deux approches. Le travail sur les rôles dans un cadre précisément balisé permet une véritable écoute et prise en considération de l’élève. L’élève est une intelligence en devenir face à l’intelligence elle-même en devenir du professeur. Ce dernier est là pour assurer le cadre et les apprentissages. La pure verticalité a des relents de fondamentalisme, la pure horizontalité d’anarchisme. Ce concept de transversalité dans son usage institutionnel est un emprunt au grand Félix Guattari (RIP).

3/Beatkitten Bored ? (Swim)
Ce groupe est un mystère sur le mystérieux label de Colin Newman (membre du très influent groupe des années 80 Wire, accessoirement producteur de Minimal Compact et mari de Malka Spiegel, membre du même Minimal Compact). Il ne parle pas d’école mais en posant la question de l’ennui, je me sens justifié à vous le proposer ce soir. La jeune femme qui parle semble regarder par la fenêtre (pourrait-ce être la fenêtre d’un local scolaire ?) et décrit le monde tel qu’elle le voit. Une façon comme une autre de tuer le temps. Les élèves s’ennuient ? Pas si sûr ! Les élèves ressentent mal l’école quand elle est mortifère, en ferrant leurs désirs et leurs corps. L’école peut s’envisager d’une autre façon : comme un espace d’intervention pour ses usagers. Des actions ponctuelles intra et extra muros rendent l’école attachante. Quand les usagers (profs, élèves, éducateurs, personnel d’entretien, …) sont invités à participer, à intervenir, des liens se créent, des passerelles se font, du sens circule. On s’ennuie moins quand on est acteur de sa propre formation. Wim Delvoye dit : « mieux vaut être le virus que de tomber malade ». Alain Badiou : « ce n’est pas parce qu’on vitupère contre une institution qu’on a cessé de l’aimer ». Il y a un véritable travail à faire pour rendre l’école plus excitante et s’émanciper du joug institutionnel.

4/Victor Bermon Stacked notebooks (Hefty Records)
Au terme de ses études, le risque pour un élève est de voir son travail comme une pile de cahiers qu’il a mis douze ans à remplir patiemment pour pouvoir les brûler aujourd’hui. La solution est de travailler non pas à remplir des cahiers mais à collecter des traces. Le philosophe Michel Foucault (une de nos grandes références) a un mot pour ça qu’il emprunte à Sénèque : les hypomnemata ou supports de la mémoire. Des traces collectées patiemment, pour leur valeur sentimentale et heuristique[2]. Rassemblées dans un carnet, elles permettent de faire sens après-coup. Un travail de réécriture, de recollection. Des fragments de sens, loin des cahiers que la célèbre comptine nous invite à brûler.

5/Radiant Idiot Revenge of the Phoney Youth (Vertical Form)
J’adore le nom de ce groupe et de ce morceau. Tous deux s’appliquent si bien à notre propos de ce soir. L’idiot radieux, est-ce l’élève ou le prof ? Et cette revanche de la jeunesse fausse, simulée, poseuse, factice (autant de traductions que j’emprunte à mon Robert & Collins), comment l’interpréter ? On dit beaucoup de mal de nos jeunes dans la presse et dans une certaine littérature réactionnaire. Prenons le mot « Factice ». Qui est factice ? Qui accuse ? La facticité menace chacun d’entre nous à chaque étape de la vie. L’idiot radieux, c’est aussi une autre façon de dire que le bonheur n’est pas toujours là où on le croit. Le jeune qu’on accuse à tort, il se venge, ça s’est sûr !

6/Hanne Hukkelberg Seventeen (Nettwerk)
On parlait de jeunesse factice et, sous des airs de gentille chanson pop, ce morceau aborde un sujet très sérieux : une certaine jeunesse dorée qui, à défaut de briller sur les bancs de l’école, choisit la voie de la reconnaissance facile. Le jeune devient alors l’objet d’un maître. Il devient le « king of cash », « fed on champagne ». Pour Hanne Hukkelberg, il est juste une marionnette qui s’ignore. Hanne Hukkelberg vient de Norvège et son groupe use d’instruments proches des Readymades de Marcel Duchamp : une roue de vélo, un four et un frigo.

8/Mi And l’Au Study (Young God Records)
Un autre groupe que nous avons déjà entendu aux chambres d’écoute. Rappelez-vous : ce disque a été enregistré dans un petit chalet enneigé de Finlande, avant d’être mixé à New-York pour finalement être accueillies sur le label du grand Michael Gira. Study nous invite à surfer sur la vague de la connaissance. Ne pas oublier ce qui a été fait, pressentir ce qui arrive, sortir de sa cachette : un hymne à l’école. Au final, Mi And L’Au nous enjoigne de « Réveiller demain ! ».
Le nom du label -Young God- (jeune dieu) est aussi une invitation à chérir notre jeunesse.

9/Klaus & Kinski Mama, no quiero ir al colegio (Jabalina Musica)
Au pays de la musique pop espagnole, Juan Sanchez est mon maître. Il est l’homme qui fait danser la Plaza d’Altea depuis 20 ans et je voudrais lui rendre un hommage. C’est lui qui m’a conseillé ce CD cet été. Originaire de Murcia, Klaus & Kinski est un duo qui fait penser à Jeanette (rappellez-vous Porque te vas, la musique du film Cria cuervos) et à Cathy Claret (Loli-lolita dans les années 80). Cette ballade pop nous fait partager les affres de celui qui doit aller à l’école. Une jeune fille ne veut pas grandir, pas travailler, pas mourir (quel raccourci sémantique étonnant !) Marina lui prête sa voix suave. Et moi, j’ai envie de la contredire : rester à la maison et dormir, c’est un peu mourir aussi.


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Prochaine chambre d’écoute à Congrès : le jeudi 16 décembre 2010 de 19 h à minuit : 10 x 20 en 2010/Dj Culture : un hommage des chambres d’écoute au dancefloor

Finalement, la dixième chambre d’écoute rencontre la vingtième (10x20 en 2010). C’est la chambre d’écoute spéciale Dancefloor. 5 DJ’s passent les 10 morceaux qu’ils préfèrent pour danser. Les notices seront projetées. Vous pourrez danser en lisant (ou vice versa). 5 heures de musique en continu pour une afterwork party façon chambre d’écoute. François Dubuisson, Jacques de Neuville, Maya et un invité surprise (plus moi) ont déjà répondu présent. Plus d’infos très prochainement…

Dorénavant, les chambres d’écoute seront une émanation enthousiaste de RED/Laboratoire Pédagogique… Merci merci
[1] J’emprunte cette belle expression à D.H. Lawrence dans son traité sur l’éducation « Eduquer le peuple » in De la rébellion à la réaction, Ed. Anatolia, 2004, p. 57
[2] Pas de panique, j’ai vérifié pour vous la définition de ce mot au dictionnaire. Vous n’aurez pas à demander à votre voisin ou à faire semblant : heuristique : qui sert à la découverte.

Nous sommes une myriade de choses que nous ignorons[1]

Chambre d’écoute # 22 Maîtres et disciples/L’école et ses enjeux au regard de la musique (série Para//èle) le mercredi 17 novembre à Congrès

Fondamentalement, l’école a pour tâche de révéler l’enfant à lui-même. Lors de la dernière chambre d’écoute, j’avais annoncé la prochaine création d’une ASBL liée à la problématique scolaire. RED asbl naîtra ce soir-là et c’est autour de cette heureuse naissance que s’articulera la prochaine chambre d’écoute. Vous êtes invités à ce double événement.
L’école est sans doute la chose la plus importante de la société car elle prépare tout le reste. Elle forme des hommes et des femmes, des citoyens, des artistes, des entrepreneurs, etc. Couper les branches de l’école, c’est condamner l’arbre à rester au fond d’une courette, à l’ombre, chétif et étouffé.
Maintenant, dire que l’école fonctionne partout de façon harmonieuse, ce serait se voiler la face. L’école est le creuset des inégalités qu’elle s’applique à maintenir. L’école casse, parfois, de l’enthousiasme comme un véritable rouleau compresseur.
Cette nouvelle chambre d’écoute entend poser certaines questions en prenant appui sur des musiques actuelles.
Que veulent les jeunes ? A quoi sert l’école ? Avec quel type de bagage sort-on ? Voici une série (non-exhaustive) de questions que nous aborderons ce soir-là.
Le programme de la soirée :
19 h : Cocktail de lancement de RED asbl ; en présence des fondateurs
20 h : Possibilité de grignoter et de boire un verre à la buvette de Congrès
21 h : Chambre d’écoute mixée live par Axel et François
22 h : Possibilité de boire un (dernier) verre

Comment s’engager ?

En versant 3 € sur le compte 063-1645113-28 avec votre nom et la mention Hey teacher !. Le nombre de places est limité à 40 personnes. Merci de vous signaler avant le 10 novembre 2010.

Adresse : Congrès, 40 blvd Pacheco 1000 Bruxelles
Mon gsm : 0494/418.465
Facebook : encore et toujours…
Blog : www.grandensemble.blogspot.com




[1] J’emprunte cette belle expression à D.H. Lawrence dans son traité sur l’éducation « Eduquer le peuple » in De la rébellion à la réaction, Ed. Anatolia, 2004, p. 57

Chambre d'écoute # 21

« … on prend un peu de sable dans le creux de la main et l’on se perd aussitôt sans espoir dans une masse inconcevable …[1] »

La Structure des révolutions musicales : musiques et sciences (Série Para//èles)

Bonsoir et bienvenue à cette 21 ème chambre d’écoute.
En ces temps d’incertitude (politique, économique, …), le commun des mortels aime avoir un socle sur lequel se reposer. Un socle de certitudes. Une façon de voir le monde qui rassure. Pour certains, c’est la religion qui constitue cet horizon de sens (sujet de notre précédente Chambre d’écoute), pour d’autres, ceux qu’on appelle les esprits « cartésiens », c’est la science qui remplit ce rôle.
La science découvre, confirme, rend possible : la litanie des verbes qui rassurent est longue.
En face, il y a ceux que la science effraie. Le philosophe Martin Heidegger parlait lui (avant de sombrer dans son délire pronazi) d’arraisonnement du monde. Mettre le monde à notre service, quitte à lui faire perdre sa poésie, sa magie.
Nous allons ce soir explorer ces deux facettes de la science. Comme lors d’une chambre d’écoute précédente consacrée au Corps Révélé (lors d’une soirée-vernissage pour découvrir la peinture d’Etienne Lengrand au Bunker), je vais vous proposer un parcours. Nous allons passer du Big-Bang à l’apparition de la vie, des mammifères aux infections, des dérives aux retours à la lenteur… Toutes ces théories sont des « paradigmes » : elles sont vraies jusqu’ au moment où elles laissent la place à d’autres…
Bon voyage et rendez-vous dans 45 minutes ! Merci pour votre écoute enthousiaste…



Tracklist

1/Intro : The KLF Madrugada Eterna (KLF Communications) A l’aube des années 90, Jimmy Cauty et Bill Drummond installent leur bande-son ambient dans les esprits curieux. KLF est l’acronyme de Kopyright League Front et nos deux comparses militent pour le libre usage des sons. Nous sommes encore aux balbutiements de la musique Dance et, l’année d’après, nos deux comparses squatteront la planète avec leur album The White Room. Cet extrait nous place dans le miracle de l’éternité (si ma traduction est correcte) et provient de l’album Chill Out. Pas mal pour un début…

2/Fisk Industries We Saw Orion (Highpoint Lowlife) Les planètes du système solaire nous placent d’emblée devant la question enivrante de l’origine du monde. La thèorie du Big-Bang est, je crois, le paradigme à ce sujet. J’ai lu récemment des petites choses fascinantes sur le sujet que je ne me risquerai pas à vous résumer à part une : si vous prenez un vaisseau spatial et que vous volez toujours tout droit à l’infini et bien … après un certain temps (le très long temps de la science) vous reviendrez au point de départ… Je ne sais pas si cela me rassure… Cela ressemble à la formation d’un gouvernement. Fisk Industries est le véhicule musical de Mat Ranson, un « visual artist » basé à Londres.

3/Future Sound Of London Lifeforms (Path 1) (ebV/Virgin) Actif depuis les années 90, ce groupe de musique ambient est formé de Garry Cobain et Brian Dougans. Ils sont toujours actifs, surtout sur le web. Un petit détour par leur site vous fait entrer dans leur monde : graphic design, musique, communautés, etc. L’acronyme de leur label ebV signifie Energy Brain & Violence. En squattant directement ce monde virtuel (ils ont été parmi les premiers à donner un concert depuis leur studio mais retransmis dans le monde virtuel grâce à la technologie ISDN alors émergente), ils lui ont donné ses lettres de noblesse. Le morceau Lifeforms est issu du double album du même nom. Sur le maxi, on trouve 7 chemins (path) différents. La métaphore biologique (et son parallèle avec la toile) est une grande source d’inspiration. On retrouve ici la voix d’Elisabeth Frazer (de Cocteau Twins, groupe très influent dans les années 80).

4/Icarus Mutations (Leaf) Ces formes de vie émergentes vont muter. La cellule va se complexifier. Dans un verre d’eau, des embryons de vie, dans des grains de sable, des mondes… La musique de Sam Britton et Ollie brown nous parle de ce fourmillement dérangeant. Ils mêlent la musique contemporaine à la manipulation sonore, sans oublier une certaine dynamique électro-acoustique.

5/They Might Be Giants Mammal (Elektra) Nous sommes en 1992, l’année choisie par la NASA pour être l’Année Internationale de l’Espace. Eh bien, figurez-vous que TMBG ont été choisis comme « musical ambassadors » de cet événement. Il faut dire que ces deux gars sont dingues de science. Leur album Apollo 18 est là pour en témoigner. Mammal est un hymne vibrant au monde des mammifères et aussi à la vie. La chauve-souris (le seul mammifère volant), le chat, le dauphin, le chien, le koala, l’ours etc… tous sont convoqués pour célébrer ce miracle : le sang qui coule à travers cette mystérieuse chambre à quatre alvéoles : le cœur. Petit clin d’œil à 2010, année européenne de la biodiversité.

6/Manitoba Mammals Vs. Reptiles (The Leaf Label)
La vie est combat, sélection. Ce petit hommage aux mammifères ne pouvait pas durer. Dans ce morceau, Dan Snaith (Manitoba est le projet d’un seul homme) nous rappelle à l’ordre. Face à nous, d’autres règnes, d’autres règnent. Ce morceau sent la confusion, la discorde. Il est issu de l’album Start breaking my heart (Electronica Album of the Year 2002 aux Canadian Independant Music Awards).
Pour Dan, les mathématiques coulent littéralement dans ses veines. Papa, maman sont mathématiciens de haut niveau. Il a choisi les arts, mais a malgré tout obtenu son PhD en mathematique en 2005. Son projet musical existe toujours mais a dû changer de nom : il était sous la menace d’un procès d’un certain Richard Manitoba (aka « Handsome Dick, demandez à Ingrid de traduire), le leader du groupe The Dictators. La réflexion de Dan est sans appel : c’est comme si The Smiths faisaient un procès à John Smith … ou quelque chose comme ça.

7/Propaganda Dr. Mabuse (ZTT) En 1984, quand ce hit frappe mon adolescence, je n’ai pas encore vu le film de Fritz Lang. Pourtant, l’étrangeté de la video, la nouveauté du son laisseront une empreinte forte sur la pâte à modeler de mon jeune esprit. 25 ans après, un détour par deux chefs d’œuvre du cinéma mettront dans un véritable four à pizza cette même pâte, beaucoup moins jeune. Dr. Mabuse, c’est l’homme qui, par la force de sa pensée, commande à toute la pègre de la ville. Ses apparitions fantomatiques étaient déjà un tour de force pour le cinéma (lui-même un dérivé de la science consacrée à l’étude du mouvement), mais l’homme a clairement dit « merde » à la science. Vendre son âme au diable : la tentation a toujours été grande. Propaganda propose une relecture de ce thème sous forme de perle-pop, qui n’a rien perdu de son éternelle jeunesse (un autre mythe : Faust, Dorian Gray, etc.)

8/Hᾰkan Libdo This looks infected, doesn’t it ? (Musick to play in the club) versus Iannis Xenakis Naama (Erato) interprété par l’Ensemble Xenakis dirigé par Huub Kerstens. Ici je vous propose une rencontre improbable : le mouvement syncopé de ma main va mêler la musique électronique de Hᾰkan Libdo à celle d’Iannis Xenakis.
Parlons d’abord du plus jeune : basé à Stockholm, ce grand monsieur de la musique électronique a publié plus de 250 projets (albums, singles, remixes, download, etc.) Il touche à tout et affiche un goût certain pour les pochettes trash. J’ai pris ce morceau pour son côté laboratoire, dangereux, expérimental. Il faut des gants en caoutchouc pour écouter ce truc. Sinon, ces sons vont attaquer vos oreilles. Il faut du Dettol, de l’Isobethadine (buccal ou pommade - je parle ici à nos nombreuses représentantes du monde pharmaceutique)…
Face à lui, Iannis Xenakis ; dont le morceau justement a été infecté par les sons du cadet. Naama signifie « flux » et est basé sur le son du clavecin. Je vous retranscris le commentaire du morceau en anglais (vous allez voir : c’est très facile à traduire mais pas à comprendre) : Naama calls for « periodic constructions thanks to a group of exahedric transformations and stochastic distributions ». On peut discuter après, à l’aide d’une petite bière, de la signification de tout ça.

9/Schaeben & Voss The World is Crazy (Jürgen Paape remix) (Kompakt) Leur label ne nous apprend pas grand-chose sur ce duo : Heiko Voss et Thomas Schaeben aime faire danser. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le titre ! Le monde est devenu fou. La vitesse, l’expérimentation, la recherche effrénée de la rentabilité… Le son pulse ! Une nappe de synthé s’installe, votre pied commence son rôle d’échauffement métronomique. Vous voulez danser mais vous vous rappelez que vous êtes à une chambre d’écoute. C’est ça le son Kompakt ! [2]Il faut ralentir. Un changement de paradigme s’impose…

10/Headhunter Paradigm Shift (Tempa) Ce morceau est à la base du thème de cette nouvelle chambre d’écoute. J’emprunte le titre au livre de Thomas Khun Les structures des révolutions scientifiques. Pour Khun, une théorie est vraie durant un certain laps de temps. Après un changement des mentalités et des façons de voir (qu’il nomme lui un Paradigme), on change les critères du vrai. Ce disque du jeune Headhunter (de Bristol) se nomme Nomad et a été enregistré dans différentes villes où on l’invitait. Les autres titres du CD sont aussi largement inspirés par la science : Lifeform, Prototype, Technopolis, Physics Impulse, etc… Headhunter est-il un lecteur de Khun ? J’aime croire à cette hypothèse… La musique Dubstep inspiré par la littérature scientifique, que demander de mieux à un gamin qui pourrait être mon fils.

11/Twisted Science Theme from slow (Lo recording productions) Sur le site de Lo Rec, on trouve peu d’infos sur cet artiste. Les gens de Lo décrivent leur label comme étant « providers of fine esoteric music since 1995 ». Et c’est vrai que le label est très respecté (même si confidentiel). Graphiquement, les pochettes valent le détour. Ce Cd, acheté en soldes, n’a jamais vraiment été écouté par mes oreilles pourtant curieuses. Il est assez indigeste. Grâce à vous, grâce au nom du projet (Twisted Science, je ne pouvais pas au moins essayer), je suis tombé sur cette petite perle : cette ode à la lenteur qui est pour moi une invitation à observer les phénomènes (la poignée de sable de la citation de Gombrowicz…). Les chambres d’écoute sont un véhicule de décroissance et de redécouverte de ce qu’on a chez soi…





[1] J’emprunte cette belle expression à Witold Gombrowicz, dans son Cosmos, Denoël, 1966.
[2] Il est possible d’aller danser à Cologne en ma compagnie quelques fois par an. A vélo, en train ou en voiture : rejoignez le KKTB (Kölnischer Kunst & Tanz Betrieb, une émanation enthousiaste des Chambres d’écoute).