Agir collectif et culture partagée

dimanche, février 21, 2010

Cologne ville d’art/De Stockhausen à Kompakt


Une chambre d’écoute-brunch proposé par Axel Pleeck et Marc (Le Tartisan), le 21 février 2010 au Tartisan (Vleurgat)
12 euros
www.grandensemble.blogspot.com
Chambre d’écoute #18 Cologne ville d’art/de Stockhausen à Kompakt (Série Territoires imaginaires)

Pour cette 18 ième chambre d’écoute, nous avons clairement privilégié l’option psychogéographique. Je voulais ce midi, autour d’un brunch, honorer une ville qui exerce sur moi une certaine fascination ; fascination dont je peine à clairement définir les contours. Proposer cette chambre d’écoute participe de cette volonté de comprendre mais aussi de partager. Certaines personnes présentes ce midi sont déjà allées à Cologne (avec ou sans mon éclairage).
Cette fascination s’est développée pour devenir une attirance plus générale pour les villes moyennes. Glasgow, Alicante, Valladolid, Liège ont rejoints Cologne dans mon panthéon personnel (désolé aujourd’hui ce sera un peu plus égocentrique que d’habitude) et, pour chacune d’elles, une vision-du-monde se développe. Des voyages se mettent en place.

Cologne, ville d’art. D’abord pour un certain art de vivre. Ensuite pour ses musées. Et enfin, pour son statut de capitale historique de la musique électronique.
L’art de vivre. J’ai découvert Cologne lors d’un bref séjour de 30 heures pour un festival de musique électro-acoustique improvisée (voir infra). 30 heures de folies, comme un shoot de Cologne par intraveineuse. Cologne m’a dépucelé. Et jamais je ne retrouverai ce moment quasi virginal. Quelques temps après, nous cherchions, Ingrid et moi, un endroit pour passer quelques jours en amoureux. Quand, faute de mieux, j’ai proposé Cologne, Ingrid m’a regardé, sceptique comme si je lui proposais de passer le week end à manger des Bratwurst en lui disant Ich liebe dich avec une tendresse toute teutonique. Pourtant, une fois sur place, en quelques heures, elle était conquise. Et depuis nous sommes retournés une quinzaine de fois (avec des amis, des enfants, à deux, seul, etc.)
Cologne, c’est une ville assez moche (parce que détruite à 95 % pendant la guerre) et assez petite. Mais si on passe outre ce premier sentiment, on découvre une ville très attachante, une ville où l’art de vivre déborde des intérieurs pour s’installer sur les trottoirs. Une ville de goût, où l’art à droit de cité.
Ses Musées. Le Ludwig est un musée très beau, mais dont la beauté se donne par bribes. Ce n’est pas un de ces musées tape-à-l’œil qu’on vient voir du bout du monde (et dont pour finir on ne retient que l’enveloppe imaginée par un architecte de renom). Il est comme un dédale, surplombé par le Dom (la cathédrale qui restera toujours pour Elina, notre fille de 6 ans, la maison de Spiderman car elle l’a vu devant –un mime qui officiait pour le bonheur des touristes) et abrite une très belle collection qui change régulièrement.
La musique électronique. Stockhausen, on en a parlé dans l’invitation et on va l’écouter plus tard. Kompakt, surtout. Lors de mes 30 heures fondatrices à Cologne, je me suis laissé emmener par un groupe de trois jeunes Français dans l’antre de Kompakt, le Studio 672 qui a abrité durant de longues année la soirée TOTAL CONFUSION (véritable vitrine du son de Kompakt (dont on écoutera aussi l’un ou l’autre exemples). Le son Kompakt, si particulier, a cheminé dans mon esprit et mes pas de danse ont subi irrémédiablement son empreinte.
A-Muzik est le meilleur magasin de disques du monde… (mais ça je le dis souvent).
Merci d’être, une fois de plus, présents. Bonne écoute et à bientôt.
Merci à Marc, pour l’accueil et toutes les bonnes choses…












Tracklist

1/Karlheinz Stockhausen « Helikopter-Streichquartett (extrait) (interprété par le Arditti String Quartet)(Montaigne-Naïve) Ce quartet est un projet un peu fou (un peu mégalo diront les mauvaises langues) du maître de la musique contemporaine. Il s’agit de d’enregistrer un quartet pour cordes à l’intérieur d’un hélicoptère en train de décoller. Au sol des colonnes d’enceintes et d’écrans rendent compte au public de la progression (spatiale mais aussi sonore) de l’insecte géant et de ses occupants.
Né en 1928 à Mödrath (près de Cologne), il s’est éteint en 2007. En 1950, il participe à la création du WDR (Westdeutscher Rundfunk) qu’il dirigera à partir de 1962. En 1953, il compose sa première œuvre électronique (et crée ainsi un nouveau genre musical-ce qui sert à justifier mon affirmation de l’invitation comme quoi Cologne est la capitale historique de la musique électronique). (Sources : wikipédia et notes du CD)

2/Ulf Lohmann « Because-Thomas/Mayer remix » (Kompakt) On trouve cette belle variation du Because d’Ulf Lohmann sur Kompakt 100 ; le disque du label Kompakt qui célèbre le centième opuscule de la vénérable institution. La version originale est tout à fait différente (et je vous invite à regarder le clip sur youtube), beaucoup plus « ambiant ». Le personnage est mystérieux et je ne peux pas vous en dire grand-chose. Ce morceau est caractéristique du son de Cologne (et de Kompakt) : hypnotique, pas trop rapide. La ritournelle a vite fait de capter votre attention.

3/Reuber « Ruhig blut » (Staubgold) Voici un extrait du second album solo de Timo Reuber (qui est lui-même la moitié du duo Klangwart). Staubgold, ceux qui viennent souvent commencent à le savoir : Staubgold est un de mes labels préférés. C’est le bébé de Markus Detmers. Basé d’abord à Cologne, il a ensuite migré vers des terres plus globales (et sans doute plus rentables) : Berlin. Il n’empêche que Markus reste très fidèle à ceux avec lesquels il a commencé. Le site nous apprend que Ruhig blut signifie Keep cool et j’aimerais prendre cette expression comme le moto de Cologne. Cette ville oublie de se prendre trop la tête. Ce disque parle « de swinguer entre les pôles, entre la ville et la campagne, entre le travail et les loisirs, entre le beat et l’ambiant ». Je vous propose un extrait de cette longue plage de 22 minutes qui sonne comme un solo électronique de guimbarde…

4/Gas « Untitled » (Mille Plateaux) Le titre de ce morceau ne dit rien. Pour trouver du sens, il faut se reporter à l’album dont est il est issu : Königsforst. Cette vaste forêt se trouve près de Cologne, de l’autre côté du Rhin. Vous traversez un des ponts qui enjambent le fleuve mythique. Vous passez les quartiers de Deutz et de Kalk et vous entrez dans la forêt mythique de Königsforst. Cet album est un hommage de Wolfgang Voigt à la forêt. Nous sommes clairement dans la psychogéographie car la musique indique autre chose qu’une simple symphonie pastorale : une basse métronomique, une nappe de synthé et quelques accords de guitare. La magie opère dans cette simplicité. Avec son frère Reinhard, ils ont produits quelques unes des plus belles pages de la musique électronique ; mieux ils ont participé à la création du mythique label Kompakt qui vient de rééditer tous les enregistrements de Gas. Le plus fou est que je ne suis pas encore parti explorer cette fameuse forêt.
5/Schwabinggrad Ballet « Moderne Welt » (Staubgold) Cette formation est une intruse. Ils sont de Hamburg. Mais ils sont accueillis par Markus de Staubgold et je me permets de les programmer. Sur le site de Staubgold, on trouve les infos suivantes : The Schwabinggrad Ballet a été fondé en 2000 lors d’un camp antiraciste du collectif No Border. Le groupe a développé une stratégie flexible pour ses performances. Ils veulent créer de la confusion, casser les vieilles formes, politiser et réactiver (sic). The Schwabinggrad Ballet (dont le nom combine la mémoire de la pire défaite nazie et la première émeute innocente des musiciens de rues bohémiens de l’Allemagne) est un collectif ouvert qui fait partie d’un réseau gérant notamment le Buttclub à Hambourg. Le Buttclub organise des rencontres, lectures, concerts et autres activités poil-à-gratter de cette ville qui reste, pour moi, à explorer.

6/Harald « Sack » Ziegler « Meine Oma » (Staubgold) Harald Ziegler, Sack pour les intimes, est un vétéran de la scène Cassette (Allemagne années 80). Il est défini comme un artiste pop tendance techno-Dadaiste et est célèbre pour ses concerts où il mêle instruments d’enfants et électronique bon marché. Nous l’avons rencontré à Cologne lors d’un après-midi mémorable : un concert en plein air dans une sorte de jardin de sculptures privé. Cette chanson était à l’époque la préférée d’Eliott qui lui a parlé. Une légende à portée de mains, en somme.

7/Donna Regina « Favourite Human » (Karaoke Kalk) Donna Regina est issue de l’écurie Karaoke Kalk (un nom qui empreinte au quartier de Kalk) qui place ses pions sur l’échiquier de la musique électro-pop depuis une bonne dizaine d’années. Derrière le nom de Donna Regina, se cache le duo formé par Regina et Günther Janssen. Duo-couple qui n’hésite à parler de la joie de l’enfantement parmi d’autres plaisirs offerts par la vie. Je n’ai pas trouvé d’autres infos sur eux car le lien sur le site de Karaoke Kalk me fait atterrir sur le portail de l’hôtel Donna Regina à Naples (ah les mystères d’internet). Prenons ce morceau comme un coup de cœur pop en provenance de cette ville si douce.

8/Frank Heiss & Dr. Walker « To live and die in Cologne » (Liquid Sky Cologne) Ce titre vient comme une conclusion bruitiste et dérangeante de notre petite réunion. Ce morceau est issu de la compilation The Sound of Liquid Sky Cologne que j’ai acheté en 1997, bien avant de découvrir cette ville. A cette époque, quelque chose me fascinait dans ce projet de Dr. Walker : créer un « listening club » ; un club où l’on ne va pas danser mais bien écouter. Les chambres d’écoute s’inspirent, notamment, de ce projet. Merci à vous…








Chambres d’écoute à venir

#10 DJ Culture : 5X10 (cinq DJ passent les dix morceaux qu’ils préfèrent pour danser). Toujours retardée mais elle arrive…(Hors-série)
#19 H2O les qualités sonores de l’or bleu (série les 4 éléments). Avec un bar à eaux minérales comme au Japon.
#20 20X10en2010 la dixième chambre d’écoute rencontre la vingtième.
#21 New Weird America (Série Territoires Imaginaires). Les USA, un territoire qui fait à nouveau rêver ?
#22 Pour continuer en français, tapez 1. Le téléphone et ses détournements dans la musique (série Objets)
#23 Du doigté : la harpe et l’accordéon au format pop (série Instruments)
#24 Les figures de l’absence (hommage à Rachel Whiteread) (série Arts & Plastiques)
#25 Green Blue Red (Hommage à Elsworth Kelly) (série Arts & Plastiques)
#26 La Structure des révolutions musicales (sciences recherches musiques) (série para//èle)
#27 Chambre close/ musique et sexe (série para//èle)
#28 Messe pour le temps présent/ religions vs. musiques électroniques (série versus)
#29 Expéri-Métal/deux mondes que tout oppose ? (avec l’aide de Fabrice Altes
#30 Maîtres et Disciples/ l’école par la musique (série para//èle)
#18 Noise Vs. Silence : une double chambre d’écoute (avec tirage au sort pour savoir si on commence avec le bruit ou le silence) (série Versus)

Calendrier des prochaines chambres d’écoute à Congrès en 2010 (à vos agendas)

Mercredi 9 juin - Mercredi 15 septembre - Mercredi 17 novembre
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